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Les jours de Béchir sont-ils comptés au Soudan ?

1 février 2019

Les manifestations continuent au Soudan malgré leur répression par les autorités. Les journaux allemands se demandent combien de temps le président Omar el-Béchir tiendra face à ce mouvement populaire sans précédent.

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Les Soudanais réclament le départ du président el-Béchir
Les Soudanais réclament le départ du président el-BéchirImage : Reuters/M. N. Abdallah

Ils n'ont jamais été aussi nombreux, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung à propos du mouvement de révolte qui a démarré le 19 décembre à cause de l'augmentation du prix du pain.

Depuis, le mouvement s'est étendu à 18 régions et jusque dans la capitale Khartoum. Étudiants, syndicalistes de tous bords et opposants politiques sont dans la rue. Pas un jour ne passe sans que brûlent des barricades et que la police et l'armée tirent des gaz lacrymogènes contre les manifestants.

Les forces de l'ordre tirent des gaz lacrymogènes contre les manifestants
Les forces de l'ordre tirent des gaz lacrymogènes contre les manifestantsImage : Reuters/M.N. Abdallah

Les forces de l'ordre sont de plus en plus brutales envers les manifestants qui réclament le départ du président Omar el-Béchir, dénonce die tageszeitung. Le journal cite l'exemple d'un jeune médecin, abattu de sang-froid alors qu'il aidait un blessé. Les forces de sécurité ont également pris d'assaut un hôpital pour traquer les manifestants.

Malgré les dangers, la contestation n'a jamais été aussi déterminée. Selon un expert d'Amnesty International cité dans la taz, "toutes les couches sociales, toutes les professions et les régions sont représentées. On a même vu des enfants de fonctionnaires dans les manifestations".

Il est remarquable, relève encore die tageszeitung, que les manifestations aient démarré au nord de Khartoum, dans une région dont est issue l'élite politique du pays.

C'est de là que vient Omar el-Béchir. Sa popularité s'effrite même au sein de l'armée qui l'avait portée au pouvoir en 1989. Il y a des spéculations selon lesquelles un coup d'État pourrait mettre fin à sa présidence, affirme la taz.

Omar el-Béchir refuse de quitter le pouvoir sous la pression de la rue
Omar el-Béchir refuse de quitter le pouvoir sous la pression de la rueImage : picture-alliance/AP Photo/M. Hjaj

Combien de temps l'armée va-t-elle encore soutenir Omar el-Béchir ? s'interroge la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui donne la parole à Ulrich Delius, de la Société allemande pour les peuples menacés.

 "Le président soudanais a réussi ces dernières années à imposer la présence de milices islamistes au sein de l'armée et de la garde présidentielle, tout en évitant la concentration de pouvoirs concurrents", affirme l'expert selon lequel il n'est pas exclu que les islamistes tentent de placer un de leurs hommes au sommet avant que le pouvoir ne s'effondre.

Le président Béchir a également perdu le soutien des hauts dignitaires musulmans du pays. À Khartoum, rapporte la FAZ, les imams ont prié pour les opposants au régime tués et dénoncé un pouvoir "incompétent qui ne sait que matraquer les manifestants et percevoir des impôts".

Il est possible que la situation économique désastreuse soit fatale à Omar el-Béchir, concluent la Frankfurter Allgemeine et die tageszeitung. Le taux d'inflation officiel est de 73% et il serait même largement supérieur selon les économistes.

La dette extérieure est de 51 milliards de dollars. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ne peuvent pas accorder de crédit au Soudan qui est sur la liste américaine des pays qui soutiennent le terrorisme.

 

Le Nigeria se prépare à la présidentielle du 16 février

Muhammadu Buhari brigue un nouveau mandat malgré des problèmes de santé
Muhammadu Buhari brigue un nouveau mandat malgré des problèmes de santéImage : picture-alliance/dpa/M. Kappeler

C'est le 16 février que les Nigérians voteront pour élire leurs sénateurs, députés… et leur président. L'occasion pour die tageszeitung de proposer une série de reportages en amont de ce rendez-vous.

À Katsina, la correspondante du quotidien a rencontré le gouverneur Aminu Bello Masari, membre de l'APC, le parti au pouvoir.

Pour Aminu Bello Masari, il est exclu que Muhammadu Buhari, qui brigue un nouveau mandat à l'âge de 76 ans, sorte perdant de la présidentielle.

L'État de Katsina est situé dans l'extrême-nord du Nigeria, à la frontière avec le Niger. C'est l'une des régions les plus pauvres du pays, avec un taux de scolarisation parmi les plus bas.

Le gouverneur se félicite des mesures prises en faveur de l'éducation, en particulier des enfants d'éleveurs, qui les empêche selon lui de tomber dans la criminalité. L'État de Katsina est d'ailleurs épargné pour le moment par les bandes criminelles.

La région a par ailleurs fourni deux présidents au Nigeria: Umaru Musa Yar'Adua, décédé au pouvoir en 2010, et Muhammadu Buhari, le président sortant.

Atiku Abubakar, principal rival de Muhammadu Buhari à la présidentielle du 16 février
Atiku Abubakar, principal rival de Muhammadu Buhari à la présidentielle du 16 févrierImage : Getty Images/P.U.Ekpei

Dans la ville natale du président, Daura, certains sont toutefois convaincus que c'est son principal adversaire, Atiku Abubakar, qui recueillera les faveurs des électeurs. Un militant du PDP, le parti d'Atiku Abubakar, explique que Muhammadu Buhari n'a rien fait pour sa ville ces dernières années. Surtout en matière d'éducation…

Dans la région d'origine d'Atiku Abubakar, l'État d'Adamawa situé à la frontière avec le Cameroun, la correspondante de die tageszeitung fait un constat similaire: un  militant du parti au pouvoir accuse le candidat de l'opposition de n'avoir rien fait pendant les huit années où il était vice-président du Nigeria, entre 1999 et 2007.

"On n'a rien vu", témoigne ce militant de l'APC. "Pas d'hôpital, pas de route, pas d'eau… Il a fait en sorte qu'on ait une université américaine à Yola [la capitale provinciale], mais cela ne nous sert à rien."

Deutsche Welle Anne Le Touzé
Anne Le Touzé Journaliste au programme francophone de la DWnanetouz