Gabon: Ping saisit la Cour constitutionnelle
8 septembre 2016Le délai pour le dépôt des recours avait été prolongé. Le camp du président sortant Ali Bongo comme celui de son rival Jean Ping dénoncent des irrégularités lors de la présidentielle du 27 août. Mais un malentendu semble naître sur l'instance habilitée à trancher ce genre de contentieux électoraux.
La Cour constitutionnelle compétente ?
Aussitôt après l'annonce des résultats provisoires, le candidat Jean Ping avait exigé le recomptage des voix surtout dans la région de Haut Ogooué, avant tout recours à la Cour constitutionnelle. De son côté, le président sortant avait dit qu'il porterait plainte suite aux irregularités observées dans les régions favorables à l'opposition. Il a rejeté toute tentative de recours autre que devant la Cour constitutionnelle. Mais selon le politologue et juriste gabonais, Jean Delors Biyogue Bintougou.
"On n'est pas dans le cadre de fraudes liées à de faux bulletins, ou à des bulletins excessifs, ni à des votes par procuration excessive, etc. Ici il est question de manipulation du fichier électoral dans la province du Haut Ogooué. Et ce sont des questions techniques, qui ne peuvent être traitées qu'au niveau de la commission électorale nationale autonome permanente (CENAP) ou bien au niveau du ministère de l'Intérieur et non au niveau de la cour.''
L'opposant Jean Ping s'est donc décidé à franchir le pas. "Jean Ping a déposé au greffe de la Cour constitutionnelle une requête en réformation de la proclamation (...) des résultats de l'élection présidentielle du 27 août 2016 dans la province du Haut-Oogoué" indique un communiqué de son équipe de campagne publié jeudi soir.
La médiation de l'UA reportée
Du côté de la diplomatie, la mission de l'Union africaine qui avait été annoncée au Gabon pour apaiser les tensions a été reportée sine die. Le chef de la diplomatie gabonaise, Emmanuel Issoze-Ngondet, a déclaré au cours d'une conférence de presse qu'il n'y a pas urgence.
‘'L'Union africaine s'était déjà montrée attentive à travers deux communiqués. C'est l'appel au calme, c'est nécessaire. Ca c'est le premier point. Le deuxième point, c'est l'appel à ceux qui ont participé à l'élection présidentielle, de respecter les voies réglementaires, légales et constitutionnelles telles que c'est prévu chez nous. Et il n'y a pas tel que vous le craigniez, péril en demeure, il n'y a pas dans notre pays une situation sécuritaire explosive, une situation humanitaire explosive qui justifierait l'intervention plus ou moins musclée de la communauté internationale. ‘'
Le Gabon est dans une crise politique suite aux violences qui ont suivi l'annonce de la réélection du président sortant Ali Bongo. L'opposition et le pouvoir divergent toujours sur le bilan des pertes humaines et materielles.