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L'armée malienne réagit à l'hypothèse d'un retrait de l'EUTM

5 mai 2022

L'Allemagne veut à son tour se retirer de la mission de formation EUTM. Le directeur de l'information publique des FAMa minimise l'impact et vante le soutien de la Russie.

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Screenshot Video über die Ausbildung der FAMa
Capture d'écran tirée d'une vidéo de formation des FAMaImage : Etat-major des armées/France

Après neuf ans de présence au sein de la mission de formation de l'Union européenne au Mali (EUTM), l'Allemagne annonce vouloir se retirer. Quelque 300 soldats allemands sont intervenus jusqu'ici dans la formation de l'armée malienne, notamment en génie civil et en déminage.

Cette annonce survient dans un contexte de tension entre la junte malienne et les partenaires occidentaux du Mali, due surtout au report des élections et la présence alléguée du groupe paramilitaire privé Wagner proche du Kremlin.

Avant le gouvernement allemand, l'Union européenne avait déjà signalé l'arrêt de la mission EUTM-Mali, suite à un massacre dans le centre du pays qui a fait environ 300 morts. 

Vote au parlement allemand

Les députés allemands devraient valider d'ici la fin du mois de mai, ce retrait des instructeurs allemands déployés au sein de l'EUTM. Les raisons sont déjà annoncées par Christine Lambrecht. La ministre allemande de la Défense invoque des exactions contre des civils et la présence de mercenaires de Wagner.

Les mêmes raisons ont conduit l'an dernier à l'arrêt de la mission EUTM en Centrafrique.

>>> Lire aussi : L'EUTM se retire du Mali mais indésirable au Niger ?

Au Mali, la goutte d'eau qui fait déborder le vase est le massacre de Moura sur lequel les autorités militaires empêchent l'Onu d'enquêter.

Alexander Stroh : "Le Mali risque une isolation politique"

"Même avant la guerre en Ukraine, les réserves vis-à-vis des mercenaires russes étaient très grandes en Allemagne, surtout à cause des suppositions sur le comportement de ces troupes et leur mépris des droits humains. Depuis l'attaque de la Russie contre l'Ukraine, toute coopération avec les forces russes est devenue généralement inacceptable", indique Alexander Stroh, expert allemand et professeur de sciences politiques et d’études africaines à l’Université de Bayreuth. Selon lui, le Mali risque cependant une isolation politique.

Un appui qui va manquer ?

D'après des informations disponibles sur le site de l'EUTM, plus de 15.000 soldats maliens ont appris grâce à cette mission comment faire face aux engins explosifs improvisés, les premiers secours, les droits de l'homme et le droit international humanitaire.

La fin de la mission signifierait que l'armée malienne se verrait privée de cet appui de l'Union européenne.

Une situation dont le colonel Souleymane Dembele nie l'impact potentiel. Le directeur de l'information et des relations publiques de l'armée malienne laisse entendre que la Russie va combler le vide.

"Je vous dis qu'au niveau des forces armées maliennes, que ce soient les officiers ou les sous-officiers, environ 80% d'entre eux ont été formés en Russie depuis les indépendances. Donc nous n'avons pas à frémir devant cette déclaration de l'EUTM pour la suspension de leurs formations. Pour tout ce qui concerne les formations classiques, on a toujours eu des formateurs. L'armée malienne est une vieille armée et elle est en mesure de conduire en autonomie ses différentes formations", a réagi l'officier malien dans une interview à la DW.

Souleymane Dembele : "On n'a pas à frémir face à cette déclaration"

La situation est aussi suivie de près au sein de la classe politique malienne.

Président du parti Union pour la sauvegarde de la République (UFR) et ancien directeur de la communication au ministère de la Défense au Mali, Nouhoum Togo dit regretter les sanctions imposées à la junte malienne.

L'influence de la France

"Tout ce que la France dit, les autres acceptent de le suivre aujourd'hui. Le Mali se trouve dans une situation très difficile où nous pensons que nous avons besoin de l'aide de la communauté internationale pour éviter que le Mali puisse sombrer", explique-t-il.

Nouhoum Togo revient aussi sur le bilan de cette mission de formation. "Depuis combien d'années l'EUTM forme-t-elle des militaires ? Mais sur le terrain nous avons perdu tous ceux qui ont été formés, ce qui veut dire qu'il y a des problèmes au sein même de la formation. C'est pour cela que nous avons suggéré qu'au niveau du Mali, il faut adapter la formation avec les cadres maliens, avec des spécialistes maliens pour qu'on puisse relever le défi. Mais s'ils disent qu'ils veulent partir, nous sommes désolés mais nous sommes obligés d'en faire le constat et le Mali continuera son travail de formation à l'interne", assure l'homme politique malien.

En Allemagne, l'idée que des soldats formés par l'EUTM pourraient avoir commis des crimes fait l'objet d'une grande préoccupation.

Par ailleurs, l'expert du Sahel UIf Laessing juge peu efficace la mission de formation de l'EUTM. Le niveau de l'armée malienne n'a que très peu évolué depuis 2013, contrairement à l'armée du Niger qui reçoit la même formation, constate-t-il.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum