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La presse allemande s'interroge sur le futur d'Angela Merkel

Hugo Flotat-Talon
27 juin 2018

La chancelière, en pleine crise gouvernementale, est décrite comme très affaiblie. Au sommaire de cette revue de presse également : la crise européenne autour des réfugiés et la hausse du salaire minumum en Allemagne.

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Deutschland - Kabinettssitzung in Berlin - Merkel und Seehofer
Image : Reuters/H. Hanschke

"Humanité n'est pas acte de bonté". Alors que le bateau allemand Lifeline n'avait pas encore reçu son autorisation d'accoster à Malte ce mercredi matin lorsque les lecteurs se plongeaient dans les journaux, la Tageszeitung se fâchait sur sa Une. "Les bateaux de secours sont diffamés et on lit qu'il faudrait laisser les gens se noyer ou être vendus comme esclaves pour qu'ils comprennent qu'ils ne peuvent venir en Europe", écrit l'éditorialiste. "L'Europe se replie sur elle-même", regrette-t-il sans cacher sa colère vis-à-vis du continent qu'il juge "méconnaissable".

"Solution humaine et au long terme"

Rettungsboot Mission Lifeline im Mittelmeer
Image : picture-alliance/dpa/Hermine Poschmann/Mission Lifeline

"La haine contre ceux qui aident est inutile. L'Europe doit trouver d'autres solutions", ajoute la Süddeutsche. Elle juge "qu'il n'y a de toutes façons pas de solution simple et peu chère à cette crise". Et le journal rebondit sur les chiffres des arrivées de migrants en Europe en forte baisse. "C'est le moment d'en profiter pour trouver une solution humaine au long terme", clame la Süddeutsche.

"Des solutions pragmatiques et une volonté", dit de son côté l'éditorialiste du quotidien General Anzeiger, qui se fâche également en faisant allusion à une décision récente de la région de Munich : "On préfère passer son temps à accrocher des croix dans les administrations plutôt que de s'occuper de questions concrètes".

Des adieux à la chancelière

Horst Seehofer, CSU-Vorsitzender & Innenminister in München
Horst Seehofer, le ministre de l'intérieur en conflit avec Angela MerkelImage : picture-alliance/dpa/P. Kneffel

Ce débat migratoire sera justement au cœur d'un sommet européen ce jeudi à Bruxelles. Il est aussi au centre du débat entre Angela Merkel et son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer. Une Angela Merkel "affaiblie", écrit die Zeit.

"Partout on lit les adieux à la chancelière", constate une autre journaliste dans la Taz. "L'amertume autour de Merkel et de la question migratoire est si grande", que die Zeit se demande si une solution peut encore être trouvée pour le gouvernement allemand. On parle partout d'une rupture éventuelle de la coalition. On spécule. "Attention cela pourrait être très mauvais pour l'économie", écrit la Wirtschaftswoche sur son site internet.

Les ressources de la chancelière

"Merkel n'est plus la figure qu'elle était sur la scène européenne", analyse encore die Welt. Mais le journal considère que la chancelière est loin d'avoir perdu la partie. "L'Europe est en train de changer complètement de paradigme sur la question des réfugiés, avec une politique frontalière nouvelle", écrit la journaliste, citant la possibilité d'ouvrir des camps d'asile hors du sol européen.

"Merkel est à l'avant garde de ces changements, elle travaille, alors que son adversaire de la CSU faire preuve de petitesse en parlant seulement de rejeter les réfugiés à la frontière", estime le journal qui ajoute que le ministre de l'Intérieur Seehofer pourrait limiter ses actions d'ici la fin de l'année et finalement rester au gouvernement si l'Europe avance sur cette question d'ici-là. "Cela provoquerait beaucoup moins de dégâts politiques qu'une nouvelle escalade", conclut la journaliste.

35 centimes de plus en 2019

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Le salaire minimum a été instauré après des annés de débat en 2015.Image : Imago/R. Weisflog

Et puis un autre débat encore dans la presse allemande aujourd'hui : celui de l'augmentation du salaire minimum. De 8,84€ à de l'heure à 9,19€ en 2019 puis 9,35€ de l'heure en 2020. Cela devrait être validé par le ministre.

"Quand en 2015, le salaire minimum a été instauré certains parlaient de la perte de 900.000 emplois, ça n'a pas été le cas et selon les experts cette augmentation n'aura pas d'effets négatifs non plus", écrit la Süddeutsche.

Die Welt voit les choses autrement et parle des "contraintes" qui s'accumulent pour les employeurs et des difficultés qu'ils ont à proposer de nouveaux emplois. "Les plaintes des employeurs ne sont pas justifiées", rétorque la Volkstimme à Madgeburg, expliquant que l'Allemagne se situe à la 14ème place seulement des meilleurs salaires en Europe en moyenne. 

"Tout cela montre en tous cas l'affaiblissement du dialogue et de la négociation en Allemagne entre employeurs et employés. Reste l'Etat pour jouer le rôle d'arbitre", conclut la Hannoversche Allgemeine Zeitung.

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_