La croix et la bannière...
15 mars 2013La politique européenne vis-à-vis de la Syrie est dans l'impasse, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La guerre civile fait toujours plus de victimes et le régime de Bachar-el-Assad ne se maintient que parce qu'il dispose de plus d'armes que ses adversaires. Londres et Paris veulent corriger ce déséquilibre, au besoin en contournant l'embargo militaire frappant la Syrie. Un projet qu'il ne faut pas prendre à la légère. On l'a bien vu en Lybie. L'expérience faite ici, ainsi que dans d'autres foyers de crise dans le monde, montre bien que de telles armes peuvent être retournées contre leurs fournisseurs. Ici, comme ailleurs, la politique ne doit pas se faire à courte vue.
Pour la Süddeutsche Zeitung, le camp de ce que l'on appelle les « rebelles » n'existe pas vraiment. Ce conglomérat regroupe une multitude de groupuscules armés dont des islamistes purs et durs que l'Europe ferait bien de ne pas armer. Une chose est certaine : les livraisons d'armes aux rebelles ne feront que renforcer la violence. Plus d'armes, c'est plus de guerre. Le seul espoir ici étant que l'aide militaire aux rebelles fasse stopper le massacre plus vite. Une logique effrayante, mais c'est la logique de la guerre.
Le quotidien de Munich revient dans ses colonnes également sur l'élection du nouveau souverain pontife. Issu du peuple et connaissant le monde des pauvres, ce nouveau pape déteste tout ce qui est pompeux, aime le tango et le football, et prend même le métro. En raison de ses origines, François semble donc tout indiqué pour être un digne représentant d'une nouvelle Église catholique romaine. Cependant, l'Amérique latine se penche sur le rôle joué par le cardinal Bergoglio pendant la dictature militaire en Argentine, la plus impitoyable du continent sud-américain. Si de nombreux prêtres ont pris parti pour l'opposition, le clergé supérieur argentin n'a pas hésité, lui, à faire cause commune avec les généraux.
C'est pourquoi die tageszeitung n'hésite pas à provoquer en titrant : un copain de la junte pour remplacer un ancien des Jeunesses hitlériennes. Le quotidien de Berlin s'interroge : ce nouveau pape doit-il vraiment changer quoi que ce soit dans l'Église catholique d'aujourd'hui ? La réponse est non. Car les catholiques, au contraire des protestants moralisateurs, ont développé depuis 2 000 ans un fameux savoir-faire pour laisser d'un côté le Bon Dieu et de l'autre le Pape, tout en profitant du mieux possible des joies terrestres.