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La CDU contre l'adhésion de la Turquie à l'UE

Aude Gensbittel17 septembre 2004

Non à l’adhésion de la Turquie dans l’Union Européenne, oui à un « partenariat privilégié » avec ce pays. Telle est depuis longtemps la position de la présidente de la CDU, Angela Merkel, qui souhaite à présent rallier les partis conservateurs des autres pays européens à cette idée. La chef de l’opposition allemande a donc écrit aux chefs de gouvernement conservateurs pour les rassembler autour du refus de l'ouverture de négociations d'adhésion entre la Turquie et l'Union européenne. Une initiative face à laquelle les journaux allemands sont plutôt mitigés.

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Angela Merkel
Angela MerkelImage : AP

Dans la question de l’adhésion de la Turquie, l’Union Européenne est victime de sa propre hypocrisie, écrit die Welt. Pendant des années, Berlin, Paris et Bruxelles ne se sont pas donné la peine d’avoir un vrai débat sur le sujet, car il leur semblait que le jour où la Turquie serait prête n’arriverait jamais. Et maintenant qu’Ankara prend toutes les dispositions nécessaires pour répondre aux critères de l’Europe, les gouvernements tentent d’adoucir les populations plutôt sceptiques en leur disant que l’adhésion n’aura pas lieu avant au moins dix ans. Un autre de leurs arguments, poursuit le journal conservateur, est que cela créera un lien avec le monde arabo-musulman. Voilà un beau discours qui tient plutôt du conte de fée, estime le journal. De plus, une fois les négociations commencées, l’adhésion de la Turquie aura lieu bien plus vite que les gouvernements ne veulent l’admettre.

Angela Merkel a-t-elle complètement perdu la tête, se demande le Hamburger Morgenpost. Comment peut-elle se présenter comme la plus farouche opposante en Europe à l’adhésion de la Turquie ? Pour le journal, il ne peut y avoir qu’un seul motif pour la chef de l’opposition : elle cherche ainsi à gagner l’approbation des électeurs. Pourtant il n’est pas certain qu’elle y parvienne. Car lors des élections de 2006, personne en Allemagne n’aura vraiment peur d’une adhésion de la Turquie à l’Union Européenne qui n’aura peut-être lieu qu’en 2018, ou même plus tard. Il est même possible qu’elle n’ait jamais lieu.

La Süddeutsche Zeitung voit les choses différemment . Dans certaines régions d’Allemagne, où l’on est loin de considérer les Turcs comme des Européens, l’idée que la CDU lutte contre l’adhésion de la Turquie ne pourra pas faire de mal lors des élections, bien au contraire. Là où les choses deviennent désagréables pour Angela Merkel, poursuit le quotidien de centre gauche, c’est quand certains membres du parti viennent la contredire. En rappelant par exemple qu’à l’époque du chancelier Helmut Kohl, la CDU s’était déclarée en faveur de la candidature de la Turquie. Voilà qui est un peu embarrassant pour la chef de l’opposition, qui reproche constamment au chancelier Schröder de faire exactement le contraire de ce qu’il avait promis autrefois.