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Journée mondiale contre les mutilations génitales féminines

6 février 2023

Malgré les mesures prises par certains gouvernements, l'excision continue d'être pratiquée dans de nombreux pays.

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Les mutilations sexuelles en tant que coutume,
L'excision continue malgré les lois qui interdissent la pratique Image : Bay Ismoyo/AFP/Getty Images

Officiellement, les populations de Katiola, dans le nord et l'ouest de Côte d'Ivoire, ont cessé de pratiquer l’excision. Cette pratique est interdite depuis 1998 dans le pays. Mais selon une enquête nationale de 2006, elle touche encore environ 36% des femmes. Et jusqu'à récemment encore, l'excision était courante au sein des communautés du Nord et de l'Ouest. 

L'histoire de Florence

Au quartier Goronsso de Katiola, nous rencontrons Florence Touré, 64 ans. Cette mère de famille a été excisée lorsqu’elle était jeune. Une expérience traumatisante qu'elle a évitée à ses trois filles, dont la dernière a 24 ans. 

"On nous blaguait. On nous disait qu’il y a un éléphant, tu montes sur l’arbre et puis on te donne un fusil et tu tues l’éléphant. On ne savait pas… Si on avait su, on aurait fui. Voici la cours de ma tante. Deux de ses filles sont restées dedans."  

DW : Mais aujourd’hui vous avez des filles ? 

"Pour mes filles je ne l’ai pas fait parce que vraiment ce n’est pas bon. Ce n’est pas prudent. Ça fait très mal. Des fois, quand on fait des excisions, il y a des gens qui en meurent.’’

Reportage à Katiola, dans la région du Hambol

A quelques mètres derrière le domicile de Florence, dans cette cour, Traonan Koné et ses enfants épluchent le manioc pour en faire de la semoule appelée attieké.Traonan Koné a aussi été excisée. Elle n’a pas pu épargner cette pratique à ses deux premières filles. 

Mais aujourd’hui, Traonan a pris conscience de la dangerosité de l’excision"Deux l’ont fait mais la dernière ne l’a pas fait. Parce qu’on nous dit d’arrêter car ce n’est pas bon."

"Quand une jeune fille fait l’excision, elle peut contracter des maladies comme le VIH et puis ça peut empêcher à la fille de faire des enfants aussi’", déclare Colette Touré, fille de Traonan. 

Décès suite à la pratique de l'excision

Fin 2011, une fillette de trois ans est décédée à Dabakala, à 80 kilomètres d'ici, des suites de ses blessures liées à l'excision

Pour en savoir plus sur les effets néfastes de l’excision, nous sommes reçus par le docteur Alain Constant Menzan de la clinique Kakoumani. "L’appareil de la femme est constitué comme il est constitué. Et c’est vraiment une beauté. Sans le clitoris, ça devient un autre organe. Un organe du corps qui est vascularisé. Et dès qu’on fait une excision, toujours est-il qu’il y a des saignements. Ces saignements conduisent parfois à une hémorragie assez importante qui crée le décès de la femme. Mais de façon générale dans la vie génitale, la conséquence c’est la perte du plaisir sexuel", nous explique le docteur Alain Constant Menzan. 

L'application de la loi 

Neuf femmes de 46 à 91 ans ont été condamnées pour l'excision d'une trentaine de fillettes en 2012, ici à Katiola. C'était le premier procès d'exciseuses en Côte d'Ivoire. Elles ont toutes été condamnées à un an de prison et à 50.000 FCFA soit 75 euros d'amende.

À la mairie de Katiola, on considère que cette pratique date d’une autre époque. "L’excision est une pratique ancienne mais aujourd’hui il a été démontré que ce n’est pas bien pour les jeunes filles. Si bien que nous avons beaucoup d’ONG qui font de la sensibilisation dans ce sens pour arrêter vraiment l’excision", dit François Tepka Ouattara 

"L’excision était faite avec un objet qui représentait un fétiche pour les exciseuses. Un fétiche qui fatiguait une femme, et on lui faisait prendre ce fétiche-là. Pour prendre ce fétiche fallait faire des cérémonies culturelles aussi’", explique Joséphine Silué, présidente d’ONG. 

Depuis 1998, sur le plan national, cette pratique est désormais interdite et le taux de filles excisées a reculé progressivement. Mais elle persiste malgré tout de manière clandestinedans certains villages éloignés de la région où les autorités administratives ont du mal avoir accès.