1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Ces femmes qui refusent l'excision en Côte d'Ivoire

Julien Adayé
6 février 2021

Plus d'un tiers des Ivoiriennes sont excisées. De plus en plus de mères refusent cette pratique dégradante et interdite.

https://p.dw.com/p/3ozbJ
De plus en plus de mères de famille refusent cette pratique interdite
De plus en plus de mères de famille refusent cette pratique interditeImage : Getty Images/AFP/N. Sobecki

Ce samedi 6 février marque la journée mondiale contre les mutilations sexuelles. En Côte d'Ivoire, la pratique de l'excission est interdite depuis 1998, mais perdure parfois dans certains lieux, notamment dans certains villages où les autorités administratives ont du mal avoir accès. Quelque 36% des femmes du pays ont d'ailleurs été mutilées et sont excisées, selon une enquête nationale de 2006.

"Si on avait su..."

Mais aujourd'hui, certaines mères de famille prennent les devants et s'engagent pour cesser cette pratique. C'est le cas, par exemple, à Katiola, dans la région du Hambol, une ville située à 400 kilomètres d'Abidjan. Au quartier Goronsso, Florence Touré, âgée de 64 ans, habillée en pagne avec un foulard sur la tête, raconte qu'elle a été excisée lorsqu'elle était jeune.

"On nous blaguait. On nous disait qu'il y a un éléphant, tu montes sur l'arbre et puis on te donne un fusil et tu tues l'éléphant", se souvient-elle. "On ne savait pas… Si on avait su, on aurait fui", confie-t-elle. Devenue mère de famille, Florence a refusé l'excision pour ses trois filles, dont la dernière a 24 ans. "Ce n'est pas prudent, ça fait très mal et parfois certaines filles en meurent". 

Lire aussi → Tchad : les jeunes filles toujours livrées à l’excision

Interdite, l'excision est aussi très dangereuse
Interdite, l'excision est aussi très dangereuseImage : picture-alliance/dpa

A quelques mètres de là, dans une autre cours, Traonan Koné est entourée d'une de ses filles et de ses deux garçons qui épluchent le manioc pour en faire de la semoule appelée attieké. Traonan Koné a aussi été excisée, mais elle n'a pas pu épargner cette pratique à ses deux premières filles. "La dernière elle n'a pas été excisée, on nous a dit d'arrêter, que ce n'était pas bon", confie la mère de famille. 

"Pratique d'une autre époque"

A 80 kilomètres au nord-est de Katiola, à Dabakala, une fillette de trois ans est décédée fin 2011 des suites de ses blessures liées à cette pratique interdite. "Une pratique qui consiste à enlever le clitoris", rappelle le docteur Alain Constant Menzan de la clinique Kakoumani. "Mais celui-ci fait partie de la vie génitale de toute femme, c'est un organe sensible. Et enlever le clitoris c'est diminuer le plaisir sexuel d'une femme". 

En 2012, neuf femmes âgées de 46 à 91 ans ont été condamnées ici à Katiola à un an de prison pour l'excision d'une trentaine de fillettes, à l'issue du premier procès d'exciseuses dans le pays. Elles ont toutes été condamnées à un an de prison et 50.000 FCFA d'amende. Des ONG se mobilisent aussi pour tenter de faire stopper cette pratique "d'une autre époque", comme la qualifie François Tepka Ouattara, cadre à la mairie de Katiola.