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Inquiétudes pour l'accord d'Alger au Mali

Hugo Flotat-Talon
30 septembre 2019

L'inquiétude quant à la pérennité de l'accord d'Alger de 2015 censé ramener la paix au Mali grandit. Mais les remous actuels autour du processus de paix ne sont pas les premiers depuis 4 ans.

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Algerien Mali Friedensabkommen Unterzeichnung in Algier
L'accord de paix d'Alger avait été signé en 2015Image : Farouk Batiche/AFP/Getty Images

L'accord d'Alger censé ramener la paix et le calme entre Etat et groupes armés est-il en danger au Mali ? Certains se posent la question après de nouveaux remous dans le processus de réconciliation national. Une réunion a été annulée récemment et la Coordination des mouvements de l'Azawad, un des trois signataires de l'accord, a annoncé mardi 24 septembre vouloir se mettre en retrait du dialogue national. Cette instabilité fait craindre pour certains une montée des violences. Mais à y regarder de plus près, cela s'inscrit dans la continuité de ce qui se passe depuis 2015. 

Désarmement- démobilisation-réinsertion (DDR)

Signé en mai et juin il y a un peu plus de quatre ans, l'accord prévoyait en effet une période intérimaire qui devait ramener le calme dans le pays. Ça n'a jamais réellement été le cas : armes et violences n'ont pas cessé. La mise en place des dispositions de l'accord a pourtant avancé, même lentement. 5.000 anciens combattants avaient par exemple manifesté leur intention de rendre les armes pour intégrer le processus de paix en fin d'année dernière selon le gouvernement.

Mais aujourd'hui le président Ibrahim Boubacar Keïta parle de renégocier certaines dispositions de l'accord. C'est ce qui a provoqué le retrait de la Coordination des mouvements de l'Azawad du dialogue. 

Gemeinsame Patrouillie von Rebellen und Soldaten in Mali
Patrouille entre soldats en anciens rebels à GaoImage : picture alliance/dpa/B.Ahmed

Si cela n'est pas une bonne nouvelle, il faut toutefois nuancer l'inquiétude, car il y a toujours eu des hauts et des bas dans les négociations. C'est ce qu'explique Adib Bencherif, chercheur associé au groupe de recherche sur le Sahel de l'université de Floride. "Les deux dispositions qui crispent beaucoup l'attention des différentes parties en ce moment concernent les autorités intérimaires qu'il faut implanter, surtout dans le nord du Mali", explique-t-il. "Il y a ce jeu pour savoir qui va avoir le plus de pouvoir dans chaque localité par rapport aux trois parties signataires. Et puis il y a aussi la question des patrouilles mixtes et des quotas entre les différents combattants de l'armée malienne mais aussi des groupes rebelles et des groupes paramilitaires."

Négociations

Sur le terrain, même lentement, les négociations ont toujours continué via le comité de suivi notamment. Des groupes signataires insistent d'ailleurs aujourd'hui au téléphone : "personne ne se retire de l'accord" malgré le retrait de la coordination des mouvements de l'Azawad du dialogue. "En fait il faut simplement considérer que la période post-accord est toujours une période où les acteurs négocient et où une sorte de politique armée continue à exister au Mali", estime Adib Bencherif.

Le ministre des Affaires étrangères, Tiébélé Dramé, a d'ailleurs pris la parole dès la semaine dernière pour appeler au calme. "Il n'y a pas l'ombre d'un doute quant à la volonté du gouvernement de mettre en place l'accord d'Alger", dit-il. Un message entendu semble-t-il par la Coordination des mouvements de l'Azawad qui rappelait vendredi 27 septembre sa "volonté de mise en place de l'accord".

Désormais, il faudra rapidement clarifier la situation et engager des négociations, notamment quant au statut de la ville de Kidal. Le Niger, partie prenante de l'accord en 2015, accuse la Coordination des mouvements de l'Azawad, dont c'est le fief, d'en avoir fait une base arrière pour les terroristes depuis plusieurs semaines.

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_