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En Guinée, les acteurs de la société civile inquiets

Abdoulaye Sadio Diallo
19 juillet 2024

Une manifestation a été annoncée pour protester contre la répression, avec notamment la disparition récente des opposants Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah. Mais aucune date n’a donnée pour l’instant.

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Guinea | Polizei in Conakry
Les avocats de Guinée ont entamé une grève de deux semaines pour protester contre "les arrestations arbitraires" dans le pays.Image : Sadak Souici/Le Pictorium Agency via ZUMA Press/picture alliance

Peu de temps après le coup d’Etat de septembre 2021, les militaires au pouvoir, menés par le colonel Mamadi Doumbouya, qui s’est fait nommer général de corps d’armée en début d’année, ont commencé par interdire les manifestations publiques.

Les mois qui ont suivi, les leaders des principales formations politiques ont été emprisonnés ou poussés à l’exil. Les grands médias du pays sont fermés.

"Pratiquement, il n’y plus du tout de liberté d’expression dans notre pays. Aujourd’hui, chacun est inquiet pour sa vie. Même les journalistes, pour publier quelque chose, sont inquiets. Même nous, les activistes de la société civile, on se dit que nous pouvons être kidnappés quelque part à tout moment", a déplolré Bella Bah, un activiste basé à Conakry. 

Le 9 juillet dernier, deux leaders du Front national pour la défense de la Constitution, le FNDC, ont été ‘’enlevés’’ de nuit par des “gendarmes et militaires encagoulés” à leurs domiciles, selon le FNDC.  

Depuis, Oumar Sylla, alias Foniké Mengue, et Billo Bah n’ont donné aucun signe de vie. L‘inquiétude est grande car il y a deux jours, le 17 juillet, le procureur de la République a publié un communiqué surprenant affirmant que, je cite : "aucun établissement pénitentiaire du pays ne détient ces personnes faisant l’objet d’enlèvement".

Le colonel Mamadi Doumbouya qui a pris le pouvoir par la force en septembre 2021.
Les autorités répriment toute voix tentant de mobiliser pour un retour des civils au pouvoir. Elles ont prononcé en 2022 la dissolution du FNDC, collectif de la société civile, après avoir interdit toute manifestation.Image : John Wessels/AFP

Une sortie qui sème le doute

La déclaration du procureur est intervenue quelques heures après le déclenchement d’une grève de deux semaines par l'ordre des avocats de Guinée, pour dénoncer les ‘’arrestations arbitraires’’.

"Cette explication du procureur général n’est pas acceptable dans un Etat de droit. On est en train de s’acheminer vers un anéantissement total des libertés. De 2021 à 2024, nous sommes en train de vivre une phase critique de l’histoire de notre pays", a estimé maître Halimatou Camara. 

Beaucoup de Guinéens semblent déplorer la dérive autoritaire du pouvoir, mais certains d’entre eux, comme Korbonya Baldé, rencontré à Conakry, soutiennent les décisions du Comité national pour le rassemblement et pour le développement, le nom que s’est attribué l’autorité militaire qui gère le pays. 

"Le CNRD, ils sont dans une démarche logique, qui est celle d’utiliser un pouvoir militaire".

Les violations répétitives des libertés citoyennes en Guinée interpellent jusqu'au sein de la diaspora. Ce samedi 20 juillet, l’antenne du FNDC à Paris entend mobiliser les Guinéens vivant en France, en Belgique ou dans d’autres pays, pour, disent-ils, "dénoncer les dérives de la junte au pouvoir et pour interpeller l’opinion internationale."