1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Mali et Guinée : que peut vraiment la Cédéao ?

Etienne Gatanazi
5 janvier 2022

Goodluck Jonathan est attendu ce mercredi à Bamako pour discuter du calendrier électoral. Mais que peut vraiment la Cédéao au Mali et en Guinée ?

https://p.dw.com/p/459dG
Nana Akufo-Addo et Goodluck Jonathan à Bamako en septembre 2020
Nana Akufo-Addo et Goodluck Jonathan à Bamako en septembre 2020Image : Präsidentschaft der Republik Mali

Les textes de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), limitent la durée des transitions à six mois débouchant sur l’organisation des élections. Cette règle est loin d'être respectée au Mali et en Guinée, s'accordent à dire certains observateurs. 

L'annonce le weekend dernier de la prolongation de la durée de la transition jusqu'à cinq ans au Mali, a provoqué une onde de choc dans la sphère politique de la sous-région. 

A (re)lire aussi →Mali : les autorités préconisent de prolonger la transition de cinq ans

D'après Kojo Asante, directeur du plaidoyer et de l'engagement politique au centre ghanéen pour le développement démocratique, le soutien populaire dont dispose la junte au pouvoir en Guinée, pourrait lui servir de prétexte pour se maintenir au pouvoir.

Assimi Goita veut plus de temps pour la transition au Mali
Assimi Goita veut plus de temps pour la transition au MaliImage : AP Photo/picture alliance

"Je pense qu'avec la Guinée, la junte jouit d’un soutien populaire à travers tous les cercles de la société qui sont d’ailleurs en faveur du coup d'Etat. Sinon, la demande de la Cédéao est que la junte dresse un chronogramme qui ramène le pays à l’ordre constitutionnel ", estime Kojo Asante.  

Putsch et soutien populaire

Fin décembre, le premier ministre guinéen, Mohamed Béavogui, a présenté la feuille de route gouvernementale au président Mamady Doumbouya. 

Une feuille de route qui n’a pas fait mention d’une quelconque durée de la transition entamée le 5 septembre dernier. Ce qui divise la classe politique guinéenne. Kojo Asante soupçonne un mode opératoire généralisé en période de crise.

"C'est une tactique pour ceux qui sont au pouvoir pour y rester longtemps. Regardez ce qui se passe au Soudan, par exemple. Et c'est ce que la Cédéao essaie d’éviter, car il n'y a jamais de raison valable pour se maintenir longtemps au pouvoir, sinon il y a risque de commettre les mêmes erreurs que celles qu'ils ont combattues ", explique Kojo Asante.

Ecoutez l'audio

La Guinée plus autonome que le Mali

Si les sanctions de la Cédéao pèsent énormément sur l'économie du Mali en ce moment, Alex Vine, directeur des programmes Afrique à l'institut d'analyse politique, Chatam House à Londres, pense en revanche, que certaines raisons géopolitiques mettent en confiance les tenants du pouvoir en Guinée. Selon lui, la situation géographique du pays et ses ressources naturelles pourraient jouer en faveur de la junte militaire.

"La Guinée dispose des réserves de bauxite dont le monde a besoin, et qui constituent une base économique solide par rapport au Mali qui ne l’a pas. Le Mali aussi possède de l'or, mais en termes de stratégie, la bauxite compte beaucoup plus, et les cours de l'or sont en baisse actuellement", dit Alex Vine.

Actuellement, la capacité de la Cédéao à pouvoir résoudre des crises politiques dans la sous-région est mise à l’épreuve.

A (re)lire aussi →Les Guinéens entre espoir et méfiance face à la junte