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Pushbacks : Frontex mis en cause

Carole Assignon
29 juillet 2022

Dans un rapport accablant, l'Office européen de la lutte contre la fraude assure que Frontex était au courant des refoulements de migrants par la Grèce.

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Des policiers surveillent sur leurs écrans les frontières en Gréce.
Un centre de contrôle des frontières en Grèce.Image : Nicolas Economou/NurPhoto/picture alliance

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock est en Grèce depuis jeudi (28.07). Elle a visité un mémorial de l'holocauste, un camp de réfugiés et le bureau de liaison de Frontex dans le port du Pirée. Cette visite a lieu alors qu’un rapport accablant révèle que l'ancienne direction de l'agence de surveillance des frontières Frontex avait connaissance des pushbacks illégaux de migrants en Grèce et aurait même co-financé des refoulements. 

Frontex était informée dès les premières heures des refoulements vers la Turquie mais ses dirigeants ont fait le choix de fermer les yeux. C’est en substance ce qu’affirme le rapport encore confidentiel de l'Office européen de la lutte contre la fraude (Olaf). Un rapport que des médias comme Der Spiegel et Le Monde ont pu consulter. 

C’est surtout l'ancien patron de Frontex, le Français Fabrice Leggeri, et ses collaborateurs, qui sont mis en cause. Ils n’auraient non seulement pas empêché ces refoulements mais ont également menti au Parlement européen et masqué le fait que l'agence a soutenu certains pushbacks avec l'argent du contribuable. 

Fabrice Leggeri l'ex patron de Frontex
Fabrice Leggeri, l'ex patron de Frontex, est mis en cause dans le rapport de l'OlafImage : Virginia Mayo/AP Photo/picture alliance

Alors que ces révélations coïncident avec sa visite officielle à Athènes, Annalena Baerbock a reconnu qu’il y a eu plusieurs cas de refoulements incompatibles avec le droit européen.

"Il est important pour moi, au vu de ce qu'il y a en termes de rapport au sujet de notre agence commune de gestion des frontières, que nous clarifiions systématiquement ces cas individuels", précise la ministre qui assure que des mesures ont déjà été prises pour que davantage d'observateurs des droits de l'homme soient sur le terrain

Davantage de soutien de l'UE

Athènes de son côté a toujours démenti tout refoulement illégal à ses frontières. Selon le ministre grec des Migrations, Notis Mitarachi, le rapport de l'Olaf, "ne blâme pas directement la Grèce", il rappelle que son pays a le droit de protéger ses frontières et demande plus de solidarité de la part de l’UE.

"La migration est un défi qui concerne l'ensemble de l'Union européenne et doit être abordé selon deux principes. Le principe de responsabilité, la protection de nos frontières extérieures, en particulier dans les cas de militarisation de la migration, et la garantie de la protection des droits fondamentaux de toutes les personnes touchées par la crise des réfugiés", explique le ministre.

Il estime que dans le même temps "l'UE doit faire preuve d'une solidarité plus tangible envers les Etats membres en première ligne."

Dans son rapport, l'Olaf rapporte qu'au moins six bateaux grecs, cofinancés par Frontex, auraient été impliqués dans plus d'une dizaine de refoulements, entre avril et décembre 2020, ce que l'ancien directeur Fabrice Leggeri a toujours rejeté. 

A la Commission européenne, on assure qu’"une série de mesures" ont été mises en place pour régler la question de la gouvernance de l'agence, dirigée depuis début juillet par la Lettonne Aija Kalnaja.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique