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EconomieAllemagne

FinCen: de l'argent sale transite par les grandes banques

21 septembre 2020

Le Consortium international de journalistes d'investigation met en évidence des manquements dans la supervision des banques comme la Deutsche Bank.

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FinCEN Files / La Deutsche Bank pointée du doigt
La Deutsche Bank pointée du doigtImage : picture alliance/dpa/A. Dedert

La Deutsche Bank est la plus grande banque d'Allemagne. Ce n'est pas la première fois que l'établissement est éclaboussé par des scandales, mais les nouveaux documents américains étudiés par le Consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ) mettent en lumière des transactions plus que douteuses opérées par la Deutsche Bank… avec de l'argent sale. 

Des sommes gigantesques

Plus d'un millier de milliard de dollars. C'est le montant des transactions d'argent sale qui auraient transité par la Deutsche Bank, d'après la brigade financière du fisc américain (FinCEN).

Cette somme représente 62% du total incriminé.

Pour aboutir à ces informations, le média américain BuzzFeed a transmis aux journalistes du consortium ICIJ des "rapports d'activité suspecte" (ou SAR en anglais).

Constats laissés sans suite

Durant 16 mois, 400 journalistes de 88 pays différents ont passé à la loupe ces documents confidentiels transmis par les autorités de supervision des banques mêmes au fisc américain. En gros, les "gendarmes" de chaque banque implantée aux Etats-Unis se doit de signaler les mouvements d'argent suspect qui remontent de leurs services.

Et les régulateurs des banques ont constaté que de l'argent issu du crime organisé ou de détournements de sanctions américaines passait par leurs réseaux.

La Deutsche Bank aurait ainsi laissé circuler des fonds en provenance d'individus ou de personnes morales ouvertement suspects. C'est le cas par exemple d'un certain Reza Razzab, un Turco-Iranien qui vit du commerce de l'or et a reconnu, en 2017, devant la Cour fédérale américaine avoir aidé l'Iran à échapper aux sanctions américaines.

Réaction de la Deutsche Bank

Dans un communiqué, la Deutsche Bank assure que ces informations sont "bien connues" de ses régulateurs. L'entreprise affirme aussi avoir "consacré d'importantes ressources au renforcement de ses contrôles" et "être extrêmement attentive au respect de (ses) responsabilités et de (ses) obligations".

Jörg Eigendorf, porte-parole de la Deutsche Bank, fait savoir sur Twitter que l'établissement "prend la lutte contre le blanchiment d'argent très au sérieux":

Mais les autorités américaines n'ont rien entrepris non plus.

Autres banques incriminées

Quatre autres grandes banques sont incriminées : JPMorgan Chase, HSBC, Standard Chartered et Bank of New York Mellon. Tous ces établissements auraient permis de laver de l‘argent sale et/ou issus de transactions interdites avec des pays comme la Libye, le Soudan, l'Iran, la Russie ou la Birmanie pourtant sous embargo.

Et c'est bien là le cœur du scandale : la recherche des journalistes met en évidence les dysfonctionnements de la supervision bancaire, à la fois du côté des banques et de l'administration publique puisque des transactions louches ont été signalées mais pas stoppées.

>>> Pour aller plus loin, regardez cette vidéo sur les "Luanda Leaks", étudiés aussi par le Consortium international des journalistes d'investigation:

"Luanda Leaks" : l'origine douteuse de la fortune d'Isabel dos Santos