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A Yogoupon, des enfants privés d'école par faute de moyens

Julien Adayé
5 octobre 2023

En Côte d'Ivoire, l'école a repris depuis le début du mois de septembre. Mais certains apprenants à Yopougon sont restés à la maison faute de moyens.

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Des jeunes filles d'une école pour jeunes mères marchent sur un trottoir en portant des sacs au dos.
La rentrée scolaire 2023-204 a été lancée le 11 septembre 2023 en Côte d'IvoireImage : Julien Adaye

La rentrée scolaire en Côte d'Ivoire s'est effectuée depuis les premières semaines du mois de septembre. Et à ce jour, au sein d'une famille qui réside dans la commune d'Abobo, dans le nord d'Abidjan, aucun des trois enfants n'a encore repris le chemin des classes. Cela par manque de moyens pour financer les livres et les fournitures scolaires. 

"Cette nouvelle année scolaire n'a pas encore commencé pour moi", confie Yann Axel Kouadio. "Tout simplement parce que mon père n'a pas encore eu les moyens pour pouvoir m'inscrire", explique le jeune Ivoirien de 19 ans et élève en classe de terminale.

Yann Axel est l'aîné d'une fratrie de trois garçons. Pendant que ses camarades vont à l'école, il emprunte pour sa part la route du marché d'Abobo, où il doit pousser une brouette pour gagner un peu d'argent, en attendant le jour où il pourra retourner au lycée.

"Je meuble mes journées en allant au marché pour me débrouiller en poussant la brouette. Pour prendre les bagages des femmes du marché, afin d'avoir quelques petits jetons pour pouvoir commencer à payer mes documents de l'école. Cet argent, quand je le gagne et que je reviens à la maison, je peux prendre une petite partie pour donner à ma maman pour faire à manger, et le reste je le prends pour m'acheter des documents. J'ai aussi acheté quelques cahiers pour mes petits frères, pour les aider à pouvoir eux aussi aller à l'école un jour", poursuit Yann Axel.

Emmanuel Christopher : "Je suis très malheureux parce que moi aussi j’ai envie d’aller à l’école"

La tristesse de ne pas aller à l'école

Emmanuel Christopher Kouadio, âgé de dix ans, est l'un des jeunes frères de Yann Axel. Admis en classe de sixième, jusque-là, et comme ses deux frères, il n'a pas repris l'école. 

"Les matins, quand je me réveille, j'essaie de me mettre au bord de la route pour observer mes camarades qui s'en vont à l'école", témoigne Emmanuel Christopher qui ne cache pas sa tristesse. "Quand je les vois, vraiment, je suis très malheureux parce que moi aussi j'ai envie d'aller à l'école'', se plaint-il.

Boni Kouadio, bientôt la soixantaine, est le père de Yann Axel, Emmanuel Christopher et d'un troisième garçon qui a fugué depuis le mois d'août. "J'ai le cœur serré de voir que les autres enfants vont à l'école, et que les miens sont encore à la maison par manque de moyens", regrette ce père qui a perdu son emploi en 2019. Depuis lors, assurer les dépenses quotidiennes de sa famille est difficile. La scolarisation des enfants l'est encore plus.

Malgré la tristesse, de grands rêves

Chacun des enfants Kouadio caresse discrètement un rêve. "Comme métier, je rêve d'être mécanicien d'avion", affirme l'un. "Si j'ai la chance de poursuivre mes études, j'aimerais devenir un jour magistrat, ou peut-être marin ou douanier", répond un autre.

Des rêves qui risquent de se briser prématurément si rien n'est fait pour aider ces enfants à reprendre le chemin des classes. Comme Yann Axel et Emmanuel Christopher, des milliers d'autres enfants sont dans cette situation à travers toute la Côte d'Ivoire.