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Ethiopie: la région du Tigré face au risque de guérillas

Delali Sakpa
2 décembre 2020

Le Tigré semble ne pas être épargné par les combats malgré les annonces de victoire des autorités. Des observateurs envisagent plusieurs paramètres.

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Äthiopien | Videostill Ethiopian News Agency | Militär
Des militaires éthiopiens assis sur un véhicule blindé de transport de troupes à côté d'un drapeau national.Image : Ethiopian News Agency/AP Photo/picture alliance

Depuis le 4 novembre, l´armée éthiopienne est en conflit armé avec le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Après avoir lancé l’assaut final contre Mekele, la capitale de la province rebelle, les autorités éthiopiennes ont annoncé avoir remporté la bataille, samedi (28.11). L’objectif de cette opération était de faire revenir dans la République fédérale la région dissidente du Tigré. 

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Addis-Abeba a affirmé avoir atteint son but en faisant plier Mekele, la capitale de la région et ceci en un temps record. Mais le doute persiste puisque le gouvernement n’a toujours pas montré des images de la zone du Tigré reprise par les autorités. Pour l’heure, l’accès des humanitaires vient d'être réautorisé, mais les communications dans le pays sont toujours coupées. 

Pour William Davison, analyste à l’International crisis group (ICG), les objectifs du gouvernement ne sont pas encore atteints. 

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"Le gouvernement a pour objectif de capturer les leaders du TPLF et de les traduire en justice et tant que ce ne sera pas le cas, les opérations continueront. Ces leaders sont en fuite mais s’ils continuent à se battre, il faudra voir quelle sorte de résistance ils opposeront.", pense l'analyste. 

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Le risque de différentes guérillas dirigées par le TPLF dans la région n'est donc pas à écarter. Mais pour René Lefort, chercheur indépendant et spécialiste de la Corne de l’Afrique, plusieurs paramètres restent à considérer pour rendre ce scénario possible. 

"Cela dépendra de la capacité de sa direction (le TPLF) à mener une guérilla, cela dépendra ensuite du soutien populaire qu’il aurait de la part des populations du Tigré, et ce soutien populaire dépendra aussi de la façon dont se comporteront les troupes et autorités fédérales au Tigré.", prévoit le chercheur. 

Une possible guérilla du TPLF semble aussi ne pas être le seul problème pour le gouvernement. Une autre préoccupation pourrait être la présence d’autres guérillas en Ethiopie, en l’occurrence celle des Oromo. L'ethnie Oromo est l´une des plus importantes du pays et constitue le tiers de la population éthiopienne. Le premier ministre Abiy Ahmed lui-même est issu de cette ethnie mais n’y fait pas l’unanimité. 
L´engagement de l’armée fédérale dans le Tigré pourrait donc créer un vide sécuritaire dans lequel ces différents mouvements armés ethniques pourraient se renforcer et s’étendre.