En Italie, la longue attente pour l'asile
2 janvier 2017En Italie, à 30 km au nord de Rome se trouve le Centre d'accueil pour les requérants d'asile de Castelnuovo di Porto, le plus important de la région de la capitale. La structure est sous-traitée par l'État à une société privée, Auxilium. Le bâtiment, un ancien centre de formation, accueille plus de 930 demandeurs d'asile, dont 200 femmes et 40 mineurs. La plupart viennent d'Erythrée, mais aussi, pour quelques-uns, du Mali, de Guinée ou de Centrafrique.
C'est un long bâtiment, coincé entre deux grands parkings, dont l'entrée est surveillée par des militaires. Du linge est accroché au grillage, près d'une bande d'herbe. Ce centre est présenté comme un modèle par le ministère de l'Intérieur italien. Akram Zubaydi dirige les 125 employés. Selon lui, tout est fait pour aider les demandeurs d'asile, qui n'ont pas le droit de travailler.
"Les demandeurs d'asile sont des personnes libres. Ils sont libres d'entrer et de sortir du centre. Nous avons des activités en interne, comme du sport, du jardinage, de la peinture. Nous obéissons aux règles de la préfecture, il y a une présence médicale 24h sur 24, une aide psychologique. Mais de notre propre volonté nous avons aussi installé une bibliothèque et une crèche pour les enfants, car on a vu qu'il y avait un besoin."
Fuir la Seleka à Bangui
Le personnel administratif est censé aider les demandeurs à monter leur dossier qui sera débattu devant la Commission chargée de décider si l'asile est accordé ou non en Italie. La procédure est longue - jusqu'à une année. Certains réfugiés ont choisi la relocalisation dans un autre pays de l'Union européenne. C'est le choix qu'a fait Ghamel Warren, originaire du PK12, dans la capitale centrafricaine. En théorie, la décision de relocalisation est prise dans les trois à cinq mois. Mais ce rappeur, qui a fui l'arrivée des rebelles de la Seleka à Bangui, est arrivé en Italie il y a un an déjà.
"Tu te dis, voilà, je serai transféré peut-être en deux mois, trois mois. Mais quand j'ai vu que j'ai fait jusqu'à une année! Celui qui est passé devant la Commission, ça a été négatif, il a un recours, il a les papiers avant toi! Tu restes sans suite. Donc du coup, là, je suis assomé, par le programme. C'est un échec total, je ne sais pas si je serai transféré en 2017 ou 2018."
Le jeune homme de 24 ans, qui dit ne plus avoir de contacts avec sa famille, a traversé plusieurs pays avant de rejoindre la Libye, puis d'embarquer sur un canot jusqu'en Sicile. Un périple qu'il déconseille:
"Je peux le dire, Dieu m'a accordé le privilège d'être ici. Il y a plus de personnes qui meurent. Y'en a d'autres qui font de la prison, qui finissent avec une jambe cassée. Je ne peux pas conseiller à un frère de prendre la même route. Parce qu'on sait pas ce qui peut arriver. Tout peut dégénérer à tout moment sur cette route-là."
En attendant une décision des autorités, Ghamel Warren s'est résolu à apprendre l'italien. Il enregistre des morceaux de rap, avec le soutien d'une association romaine. Et il espère se former pour faire de la radio plus tard.
En 2015, le plan adopté par Bruxelles prévoyait la transfert en deux ans de 160.000 personnes se trouvant en Grèce, Hongrie et Italie. À ce jour, 8 162 personnes ont fait l'objet d'une relocalisation, dont 1 950 depuis l'Italie, selon la Commission européenne.