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En Allemagne, les pro et anti-diesel s'affrontent

Lucie Duboua-Lorsch
24 janvier 2019

Des voitures diesel moins polluantes qu'on ne le pensait ? L’ancien président de la Société allemande de pneumologie a émis des doutes sur la dangerosité du dioxyde d'azote.

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Das Diesel-Desaster
De plus en plus de villes limitent leur accès aux véhicules diesel les plus polluants.Image : ARD

Dans un pays où les puissantes voitures diesel règnent en maître, la prise de position de l’ancien président de la Société allemande de pneumologie a fait l’effet d’un coup de tonnerre mercredi. Selon lui, la majorité des études concernant la dangerosité du dioxyde d’azote sont contestables. 

Alors que de nombreuses villes s’apprêtent à interdire l’accès de certains véhicules diesel dans leur centre, que le gouvernement allemand réfléchit à imposer une limite de 130 km/h sur les autoroutes, l’Allemagne est divisée sur ce sujet, comme en témoigne les nombreux éditos.

Économie et écologie pas toujours compatible

Il y a les pragmatiques qui rappellent qu'outre la joie d’être au volant d’une grosse cylindrée, l’économie allemande dépend fortement des constructeurs automobiles. 

Selon Die Welt, il faudrait réévaluer les valeurs limite d’émission de dioxyde d’azote "avant de détruire une fortune nationale de plusieurs milliards et d’accepter que des dizaines de milliers de moteurs diesel soient retirés de la circulation."

Il y a les visionnaires qui, plutôt que de se montrer plus conciliants vis-à-vis du diesel, souhaitent promouvoir de nouvelles formes de mobilités. 

C’est le cas de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui considère qu’en Allemagne "la mobilité doit changer. Les véhicules doivent devenir plus efficaces et plus propres. Le trafic doit être transféré de la route vers le rail et la voie navigable. L'Allemagne n'a fait aucun progrès depuis des années."

Frankreich Gelbwesten | Protest in Paris
Depuis bientôt trois mois, des manifestations de gilets jaunes se tiennent tous les samedis en France.Image : Getty Images/AFP/P. Lopez

Tandis que les uns se réjouissent d’une éventuelle augmentation des limites de dioxyde d’azote, que les autres dénoncent une pollution atmosphérique déjà trop importante, le quotidien de Francfort met en garde Berlin sur un autre problème : "Le gouvernement fédéral doit trouver un équilibre entre écologie et justice sociale. Car beaucoup de gens sont totalement dépendants de leur voiture, c’est le cas notamment à la campagne. L'apparition des gilets jaunes en France est un bon exemple de la rage qui peut éclore pour quelques centimes de plus à la pompe à essence."

De moins de moins de demandeurs d'asile en Allemagne

Tout aussi controversé est l’autre sujet traité par les journaux allemands aujourd’hui : le nouveau rapport sur la migration présenté hier par le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer. Ce dernier s’est félicité d’un "recul continu" du nombre de demandes d’asile en 2018, recul qu’il met sur le compte de sa politique. 

À tort, selon le Tagesspiegel pour qui "la principale raison de la diminution du nombre de réfugiés est probablement l'accord de plusieurs milliards de dollars conclu avec la Turquie."

Mittelmeer Lesbos Bootsflüchtlinge
Depuis 2016, nombreux sont ceux qui tentent la dangereuse traversée de la Méditerranée.Image : picture-alliance/NurPhoto/M. Heine

D’autres quotidiens ont tempéré les ardeurs du ministre de l’Intérieur. C’est le cas de Die Zeit, qui considère qu’on ne peut crier victoire "tant que des milliers de personnes se noient chaque année en Méditerranée, tant que des réfugiés naufragés doivent naviguer pendant des semaines sur des bateaux jusqu'à ce qu’un port accepte de les accueillir, ou tant que des conditions inhumaines règnent dans les camps de réfugiés aux frontières extérieures de l'Union européenne."