La Russie ferme le bureau de la DW à Moscou
3 février 2022
Outre l'interdiction de diffusion, le ministère russe des Affaires étrangères a ordonné la fermeture du bureau de la DW à Moscou et demandé le retrait des accréditations des journalistes de la chaîne.
La diffusion du programme en langue russe de la Deutsche Welle par satellite et tous les autres canaux de transmission est donc interdite. En outre, une procédure est en cours pour déclarer la Deutsche Welle "agent de l'étranger".
La Russie réagit ainsi à l'interdiction de diffusion du programme en langue allemande de sa chaîne publique RT DE (auparavant Russia Today). La Russie avait condamné cette interdiction et annoncé des mesures de représailles imminentes.
Berlin a jugé "inacceptable" la décision, de son côté. La ministre allemande de la Culture et des Médias, Claudia Roth a souligné que RT en allemand diffusait "sans licence et n'(avait) pas demandé d'autorisation" à la différence de Deutsche Welle en Russie. Pour sa part, le patron de DW, Peter Limbourg, a protesté dans un communiqué contre "cette réaction absurde", qui n'a pas encore été officiellement notifiée. Selon lui, "les mesures des autorités russes sont incompréhensibles et excessives".
Des représailles
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, avait ainsi promis sur Telegram des mesures de représailles tout en fustigeant l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour son absence de réaction dans cette affaire.
Moscou considère l'interdiction des émissions en langue allemande de RT comme une atteinte à la liberté d'expression et à la liberté de la presse. "La situation est très claire : une société de médias russe, je dirais même une société de média internationale, est interdite de diffusion en Allemagne. Ce n'est rien de moins qu'une atteinte à la liberté d'expression", avait déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, selon l'Agence de presse Interfax.
La Russie estime que ces mesures de l'Allemagne sont "motivées par des considérations politiques", alors que ses relations sont tendues avec les Occidentaux en raison de la crise ukrainienne.
Hier, mercredi, le ministère russe des Affaires étrangères avait évoqué des mesures de rétorsion à l'encontre "des médias allemands accrédités en Russie" et la patronne de RT, Margarita Simonian, a cité la Deutsche Welle.
RT - Russia Today - qui diffuse vers l'étranger en six langues assure que sa programmation en langue allemande contribue à la diversité des opinions en Europe.
Pour ses détracteurs, en revanche, RT n'est rien d'autre que la voix du Kremlin et contribue à la désinformation et la propagande.
D'autres cibles dans le viseur de Moscou
Moscou a également promis une punition à l'encontre des "intermédiaires internet qui ont supprimé de manière arbitraire et injustifiée les comptes de la chaîne sur leurs plateformes".
Une référence sans doute au géant américain YouTube, qui avait suspendu le 16 décembre le compte en allemand de RT le jour de sa mise en service. La diffusion par satellite de la chaîne avait été interrompue peu après une requête des autorités allemandes.
Par ailleurs, mercredi, le régulateur allemand ZAK a interdit la diffusion de la chaîne sur son site internet et sur une application mobile, en précisant que "l'autorisation nécessaire" n'a été "ni demandée ni accordée".
La chaîne RT, financée par l'Etat russe, a été inaugurée en 2005 sous le nom de "Russia Today". Elle s'est développée avec des diffuseurs et des sites web en plusieurs langues, notamment en anglais, français, espagnol, allemand et arabe.