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Des esclaves vendus au Tchad témoignent

Blaise Dariustone
28 janvier 2021

Au Tchad, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) s'alerte de la recrudescence de la traite d’êtres humains.

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Combien d'or vaut un homme ? Au Tchad, des hommes sont vendus à des réseaux criminels
Combien d'or vaut un homme ? Au Tchad, des hommes sont vendus à des réseaux criminelsImage : Getty Images/AFP/C. Aldehuela

Au Tchad, la traite d’êtres humains s’est accentuée. De nombreux jeunes à la recherche de travail sont exploités.

La semaine dernière, quatre jeunes Tchadiens vendus à la frontière avec la Libye il y a un an ont été retrouvés et ramenés chez eux.

"Nos bourreaux étaient armés"

Les jeunes gens en question s'appellent Ateib Mahamat, Ramadan Hari, Mahamat Zène Abakar et Ousman Seid. Ils ont été recrutés en janvier 2020 à Bitkine, dans la province du Guera, par Abdel Mawla pour l’orpaillage au nord du Tchad. 

Arrivés à Abéché, Abdel Mawla a confié les quatre jeunes à Oual Borno et Yaya Touer qui les ont conduits à la frontière tchado-libyenne, où ils ont été vendus contre dix grammes d’or, équivalant à 250.000 francs CFA, soit près de 400 euros par personne.

Après plusieurs mois d’une enquête conduite par leurs parents, avec l’appui de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Abdel Mawla sera arrêté. Ce qui a permis la libération de ces jeunes Tchadiens.

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Ramadan Hari, l’une des quatre victimes, témoigne : ‘’Nous avons été trompés par Abdel et d’autres complices. C’est une fois sur place que nous nous sommes rendus compte qu’on nous a conduit ailleurs. Lorsqu’on a compris, on a essayé de protester mais ce n’était pas facile. Nos bourreaux étaient armés donc on ne pouvait pas faire autre chose. C’est l’arrestation d’Abdel qui nous a sauvés."

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Pour Djiddah Oumar Mahamat, président de la Commission nationale des droits de l'homme, un des acteurs clés de la libération de ces jeunes, le trafic d’êtres humains n’est pas un phénomène nouveau au Tchad.  

"Il n’y a pas un mois où la CNDH n’est pas saisie d’un dossier de traite des personnes, déplore-t-il. C’est un réseau composé de plusieurs personnes. Il y a un groupe qui est à N’Djaména, un deuxième groupe à Bitkine, un troisième qui est à Abéché et un quatrième groupe à Kalaïte. Celui de N’Djaména finance, celui de Bitkine recrute, puis ceux d’Abéché et de Kalaïte conduisent ces personnes jusqu’à Kligna, à la frontière entre le Tchad et la Libye. Donc c’est l’arrestation de leur complice de Bitkine qui a créé une pression pour qu’ils ramènent les quatre jeunes. Mais il faut que le gouvernement réagisse pour que cette histoire de traite des personnes puisse cesser. "

Nos tentatives pour avoir l’avis des autorités tchadiennes sur le sujet sont restées sans suite.
Cependant, l’histoire de ces quatre jeunes est à l’image de celle de nombreux autres Tchadiens du Sud déportés de force vers l’Est et le Nord pour le gardiennage d’animaux ou l’exploitation de l’or.

Une fois sur place, certains sont vendus aux trafiquants d’êtres humains en Libye et les récalcitrants sont parfois exécutés par leurs bourreaux.

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