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Cameroun, des femmes en grève de la faim

Carole Assignon | Killian Ngala
21 mai 2021

Au Cameroun, plus d’un millier de femmes ont lancé une grève de la faim pour attirer l'attention sur la crise qui secoue les régions anglophones.

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(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)Image : Brian Inganga/AP Photo/picture-alliance

Celles-ci entendent faire pression sur la communauté internationale pour mettre un terme à une crise qui, depuis cinq ans, a fait des milliers de morts et poussé plus d'un million de personnes à s’exiler. 

Il y a quelques semaines, des Camerounaises étaient dans la rue pour faire pression sur le gouvernement afin qu’une solution soit trouvée à la crise anglophone qui secoue depuis plusieurs années maintenant le Cameroun.
Mais cela n'a apparemment pas marché. Ce qui a poussé ces femmes à adopter une nouvelle approche.

Lire aussi: Rencontre entre Camerounaises déterminées

Des combats opposent régulièrement les forces de sécurité aux combattants anglophones secesionnistes.
Des combats opposent régulièrement les forces de sécurité aux combattants anglophones secesionnistes.Image : DW/F. Muvunyi

Changement de stratégie

Plus d'un millier d'entre elles ont donc choisi de faire une grève de la faim. 
Baiye Frida Ebai, qui coordonne le mouvement, a elle-même cessé de se nourrir et se plaint de maux de tête. Ce sont les histoires déchirantes de viols, les meurtres et les enlèvements qui poussent ces femmes à agir.
Nous les femmes, nous souffrons beaucoup d’avoir perdu des enfants. J’ai perdu des enfants à cause de cette crise. J’ai perdu des neveux. Nous sommes celles qui souffrons des douleurs de l’accouchement et nous sommes celles qui souffrons de voir les enfants grandir sans leurs parents. C’est pour cela que nous prenons cet engagement de faire une grève de la faim " explique Baiye Frida Ebai.

Lire aussi: Violations des droits humains au Cameroun

Une grève de la faim dans un climat de peur tout de même. Selon Baiye Frida Ebai, les femmes qui participent au mouvement de grève doivent rester anonymes par crainte de représailles, soit des forces gouvernementales, soit des combattants séparatistes. " Je ne mange rien et je suis fiévreuse à cause de la faim. J’ai auparavant eu mal à la tête car je n’ai rien mangé. J’ai également des crampes d’estomac parce que je n’ai rien mangé depuis des jours " assure sous couvert d'anonymat l'une des grévistes. 

Lire aussi: Cameroun : la crise anglophone en débat en France

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Attirer l'attention 

 Ces femmes cherchent surtout à attirer l’attention de trois dirigeants : le président américain Joe Biden, son homologue français Emmanuel Macron et le premier ministre britannique Boris Johnson.  
Bien avant sa mise en place, l'administration Biden avait déjà indiqué qu'elle était prête à se pencher sur la crise au Cameroun. Le secrétaire d'Etat Antony Blinken avait ainsi estimé qu’il était temps pour les Etats-Unis d'agir de manière décisive dans cette crise.  
Baiye Frida Ebai précise que la grève durera jusqu'à ce que les dirigeants occidentaux interviennent.
Nous ne reculerons pas, nous n’abandonnerons pas. Nous continuerons la grève de la faim. Nous invitons nos sœurs à nous rejoindre. C’est une décision personnelle, nous ne forçons personne " assure t-elle.
Près de cinq ans de violence liées à la crise anglophone ont fait plus de 3.500 morts et plus d'un million de déplacés au Cameroun.
 

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique
Killian Ngala Redakteur