Changement de donne au Yémen ?
5 juin 2011Le régime avait bien tenté de démentir l'information toute la journée du samedi. La famille royale saoudienne l'a confirmé ce dimanche : le président yéménite Ali Abdallah Saleh est arrivé à Ryad pour s'y faire soigner. De source médicale, il aurait été atteint au thorax par un éclat d'obus lors du bombardement de son palais vendredi. Cinq hauts responsables yéménites dont le Premier ministre Ali Moujawar ont également été transférés en Arabie saoudite. Selon la Constitution, le vice-président, Abed Rabbo Mansour Hadi, doit diriger le pays en l'absence du chef de l'Etat. Il s'est déjà entretenu avec l'ambassadeur américain. Sanaa se contente pour l'instant de préciser qu'Ali Abdallah Saleh ne quittera pas le pouvoir.
Début de la victoire ?
Cela n'a pas empêché des dizaines de milliers de jeunes yéménites de célébrer la nouvelle. Ils ont défilé à Sanaa et à Taëz, épicentre de la contestation dans le sud-ouest du pays. "Le combat continue", déclare un manifestant, "aujourd'hui nous avons connu une victoire, mais cela ne marque pas la fin de notre révolution. Nous allons continuer jusqu'à ce que nos revendications soient satisfaites, jusqu'à ce qu'un nouveau Yémen apparaisse".
L'opposition yéménite a d'ores et déjà annoncé son intention d'empêcher le retour du président Ali Abdallah Saleh. "Son hospitalisation marque le début de la fin de ce régime tyrannique et corrompu", a affirmé le porte-parole de l'opposition parlementaire, Mohamed Qahtan.
Reprise des combats
Le départ du président ne signifie pas pour autant la fin des troubles. A Sanaa, la capitale, une attaque à la grenade contre une installation utilisée par le général Ali Mohsen, un ancien allié de Saleh passé dans l'opposition, a fait deux morts et quinze blessés. En fin de journée néanmoins, le chef tribal Sadek al Ahmar a accepté sous conditions un cessez-le-feu, à la demande du vice-président, Abed Rabbo Mansour Hadi.
A Taëz, de nouveaux échanges de tirs ont fait au moins sept morts, et ce, bien que la police et l'armée aient annoncé samedi s'être retirés de la ville. Enfin, un groupe armé a attaqué un barrage de militaires à Aden, dans le sud du Yémen. Une attaque qui pourrait être attribuée à des islamistes membres du réseau Al-Qaïda.
Après quatre mois de manifestations et plusieurs tentatives de médiations des pays du Golfe, le Yémen semblait avoir plongé dans la guerre civile lors de ces derniers jours. L'Allemagne avait même fermé son ambassade. Nul doute que le départ du président en Arabie Saoudite va changer la donne. Après 33 ans de règne, il risque d'être difficile pour Ali Abdallah Saleh de revenir et de se maintenir au pouvoir.
Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Moulay Abdel Aziz