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Centrafrique : une précarité qui dure

Sandrine Blanchard19 mars 2014

La Haut Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU qualifie de « désastreuse » la situation Centrafrique. Les violences continuent de provoquer des mouvements de population à Bangui et dans le reste du pays.

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Filmstills aus dem Beitrag Die humanitäre Katastrophe in der Zentralafrikanischen Republik
Les abris provisoires de déplacés à BanguiImage : Kriesch/Scholz/DW

Navi Pillay est actuellement à Bangui. La Haut Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU qualifie de « désastreuse » la situation des droits de l’Homme en République centrafricaine. Malgré certains moments d'accalmie, les attaques et les braquages ne sont pas rares, y compris à Bangui, la capitale. Cette insécurité qui perdure, dans la capitale comme dans le reste du pays, continue de provoquer de larges mouvements de populations.

Il faut se méfier des chiffres

La nouvelle d’un « retour timide » des déplacés de Bangui chez eux circulait hier, suite à la publication de chiffres plutôt encourageants, d’un nombre de déplacés en baisse dans les camps d’accueil de la capitale. Celui de Mpoko, près de l’aéroport, n’accueillerait par exemple « plus que » 60 000 déplacés contre plus de 100 000 il y a quelques semaines encore. En réalité, renseignements pris sur place, cette information est à prendre avec de gigantesques pincettes. C’est ce que confirme Mathieu Fourtoul, responsable de la communication de Médecins Sans Frontières à Bangui :

« En réalité, les gens reviennent dans les camps au moindre coup de feu. De plus, à Bangui, on a une dynamique qui fait que les gens sortent des camps la journée pour aller travailler et reviennent le soir au coucher du soleil pour passer la nuit dans les camps. Donc, premièrement, ce sont des estimations. Et deuxièmement, les gens reviennent dans les camps au moindre coup de feu. »

Dans les provinces, c'est encore pire

Filmstills aus dem Beitrag Die humanitäre Katastrophe in der Zentralafrikanischen Republik
Une rue de la capitale désertéeImage : Kriesch/Scholz/DW

Dans la capitale, tous les quartiers ne sont pas sécurisés, malgré la présence des soldats des forces Sangaris et Misca. Dans le reste du pays, où les soldats étrangers sont encore moins visibles, faute d’effectifs suffisants, les violences continuent. Et elles incitent toujours de nombreux civils à fuir. Roger Charles Evina, représentant de l’Organisation internationale des migrations, nous expliquait qu’aujourd’hui même, l’OIM encadrait l’évacuation vers le camp d’accueil de Moundou, au Tchad, de 1300 personnes.

« On procède par nationalité. Il y a deux semaines et demi, nous avons commencé avec les Maliens. Ensuite nous avons évacué les Nigériens, et maintenant nous sommes en train d’organiser l’évacuation des Tchadiens qui représentent ici 10 000 personnes à faire évacuer. Ce sont des personnes qui étaient installées depuis trois ou quatre générations là-bas. Elles ont tout perdu. Elles arrivent démunies, vulnérables, elles n’ont vraiment rien. Il n’y a pas de suivi pour ces personnes.
Les capacités d’accueil des camps à Moundou sont d'au moins 5000 personnes, mais quand les gens arrivent, on fait un screening et on se dépêche de les renvoyer dans leur communauté d’origine. On essaie de les évacuer très vite, pour que les camps ne soient pas pleins. »


Les civils affluent toujours

Plusieurs milliers de personnes déjà enregistrées doivent être évacuées par l’OIM d’ici la fin du mois. Et les civils continuent d’affluer. Les organisations humanitaires ont débloqué leurs fonds d’urgence mais craignent d’être sous peu à cours de moyens pour mettre en place de nouveaux camps de transit et assurer l’assistance médicale ou le transport des réfugiés vers leur région d’origine. Les bailleurs de fonds, eux, n’ont toujours pas versé l’argent promis.