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Avec Cemile Giousouf, la CDU s'ouvre à la diversité

Konstanze von Kotze, Rayna Breuer30 août 2013

Si Cemile Giousouf est élue, elle sera la première candidate d'origine turque et de confession musulmane à entrer au Bundestag sous la bannière de l'Union chrétienne-démocrate, le parti de la chancelière Angela Merkel.

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La nouvelle coqueluche de la CDUImage : DW/R. Breuer

L'Allemagne c'est 15,7 millions de citoyens d'origine étrangère - c'est à dire dont l'un des deux parents ou les deux n'a pas la nationalité allemande. Sur ces 15,7 millions, 5,8 millions sont appelés à voter - cela représente environ 9% de l'électorat total. C'est beaucoup. Et les partis l'ont compris : si le SPD présente Karamba Diaby pour la ville de Halle, la CDU a décidé de lancer Cemile Giousouf dans la course pour la ville de Hagen.

Si la jeune femme arrive à se faire élire, elle sera la première candidate d'origine turque, de confession musulmane, à entrer au Bundestag sous la bannière de l'Union chrétienne-démocrate, un parti chrétien - dans ce contexte, cela vaut le coup d'être répété - et conservateur.

Cemile Giousouf Bundestagskandidatin CDU
Cemile Giousouf veut mettre l'accent sur l'éducation et la politique familialeImage : DW/R. Breuer

Selon le dictionnaire Larousse, quelqu'un qui est conservateur, c'est quelqu'un qui aime garder les choses comme elles sont, qui refuse le changement et qui se réfère à des valeurs ou des structures immuables. Alors quand certains membres de la CDU ont proposé de lancer Cemile Giousouf dans la course pour les élections législatives, beaucoup ont eu du mal à avaler la pilule, mais finalement ils y sont parvenus et c'est ainsi que la jeune femme de 35 ans fait désormais campagne pour la CDU dans la ville de Hagen située dans l'ouest de l'Allemagne. De sa propre expérience, elle a tiré une certitude :

« Chaque enfant doit pouvoir avoir la chance d'aller à l'école. Mes parents ont beaucoup misé sur l'éducation pour nous offrir, à moi et mon frère, un avenir meilleur. »

La CDU, un parti qui évolue ?

Cemile Giousouf est née en Allemagne. Ses parents sont d'origine turque et elle est musulmane. A priori, ce n'est pas le portrait idéal d'une militante de la CDU. Et pourtant...

« J'ai toujours partagé les convictions de la CDU mais comme beaucoup, j'avais l'impression que ce n'était pas un parti où des gens issus de l'immigration pouvaient facilement entamer une carrière politique. Et puis j'ai rencontré des membres du parti avec un parcours similaire au mien et j'ai compris que la porte de la politique m'était ouverte. »

Pour Cemile Giousouf, depuis 2005 - soit depuis l'arrivée au pouvoir d'Angela Merkel - il s'est passé beaucoup de bonnes choses au sein de la CDU. Les mentalités ont évolué. Il faut dire que le fait qu'une femme accède au poste de chancelier était déjà une révolution en soi, pour le parti et pour le pays. Mais la CDU, comme d'autres partis d'ailleurs, a aussi compris qu'on ne gagne pas des voix en 2013 comme on en gagnait en 1950 car entretemps, les structures de la société et la population ont changé.

Concilier vie familiale et professionnelle

Baby am Arbeitsplatz
Concilier vie de famille et vie professionnelle reste encore difficileImage : picture-alliance/dpa

Outre la formation, l'autre cheval de bataille de Cemile Giousouf est la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Ce n'est pas forcément très original mais c'est encore très utile de s'investir sur ce terrain car il y a encore pas mal de progrès à faire.

« Je connais de nombreuses jeunes femmes qui ont du mal à concilier travail et famille. Même lorsqu'elles souhaitent avoir des enfants, elles préfèrent y renoncer de peur de compromettre leur carrière. Il faut que nous - les politiques, les syndicats, les acteurs économiques et sociaux - arrivions à proposer d'autre modèles, à multiplier les garderies intégrées aux entreprises, à faire en sorte que les enfants puissent y rester plus longtemps. Il faut que les femmes puissent avoir des enfants, si elles le souhaitent, sans pour autant devoir renoncer à leur carrière. »

Si Cemile Giousouf ne s'imagine pas encore précisément ce qui l'attend à Berlin en cas d'élection, elle espère au moins avoir réussi une chose : motiver d'autres Allemands d'origine étrangère à entrer en politique.