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Economie

Catastrophe du Rana Plaza: les ouvriers bangladais peu aidés

24 avril 2018

Le 24 avril 2013, le Rana Plaza s'effondrait au Bangladesh. Plus d'un millier d‘employés de l'industrie textile sont morts dans cet accident. Mais 5 ans après les conditions de travail n'ont pas radicalement changé.

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Bangladesch Dhaka Rana Plaza Gelände 2015
Image : Imago/Xinhua

Le 24 avril 2013, le Rana Plaza s'effondrait au Bangladesh. Plus d'un millier d‘employés de l'industrie textile sont morts dans cet accident qui a jeté une lumière crue sur leurs conditions de travail innommables dans les usines. Cinq ans plus tard, l'émoi causé à l'époque a certes conduit à des changements, mais beaucoup reste à faire. 

Kalpona Akter travaille au Centre pour la solidarité des travailleurs au Bangladesh. Cette syndicaliste tire un bilan très amer de la catastrophe du Rana Plaza. "Ils ne voulaient pas parler de dédommagement, parce qu'ils ne voulaient pas assumer de responsabilité", explique-t-elle. Le bâtiment aurait dû être fermé la veille à cause des fissures qu'il présentait, mais les propriétaires de l'usine ont obligé les employés à travailler.

Rana Plaza Bangladesch Dhaka Textilfabrik
Image : picture-alliance/dpa/A.Abdullah

Préjudice pas pris en compte

En plus des 1135 morts, près de 2500 ouvriers ont été blessés dans l'accident. Beaucoup souffrent encore de leurs blessures. Les victimes ont dû diviser leurs demandes de dédommagement par deux et réclament maintenant 30 millions de dollars car le préjudice moral n'a pas été pris en compte.

Néanmoins, le Rana Plaza reste un exemple pour la reconnaissance des victimes de tels accidents selon certains. "Cette campagne internationale de longue haleine a permis que l'Organisation mondiale du Travail élabore une grille de standards à respecter. Afin que les victimes et leurs proches aient droit à des réparations", explique Bernd Hinzmann du réseau INKOTA qui regroupe plusieurs organisations altermondialistes et qui se bat depuis des années pour "des vêtements propres", c'est-à-dire réalisés dans de bonnes conditions.

Un fond international

Textilindustrie in Bangladesch
Image : picture alliance/dpa/A.Abdullah

Un fonds international a été créé au profit des victimes suite à la catastrophe du Rana Plaza (le Rana Plaza Donors Trust Fund), mais les entreprises étaient simplement "invitées" à y participer et seule une partie de celles qui faisaient produire leurs vêtements au Rana Plaza a accepté de l'alimenter. L'Etat du Bangladesh  n'a ni assuré le dédommagement des victimes ni l'accompagnement médical des survivants. Ce qui est souvent le cas dans les pays où il n'y a pas de systèmes d'assurances qui fonctionne, explique Bernd Hinzmann.

En Allemagne, le ministre de la Coopération, Gerd Müller, a créé une Alliance pour les textiles durables juste après l'accident. Les entreprises, les syndicats et associations professionnelles, des représentants du gouvernement se réunissent pour améliorer les standards sociaux et écologiques dans la branche textile. Gerd Müller s'est félicité lundi des progrès effectués en cinq ans. Ce regroupement a permis en 2016 de condamner d'une même voix la vague de répression contre les syndicalistes et ouvriers qui manifestaient. 

Denkmal in Erinnerung an Rana Plaza Opfer
Un monument en souvenir des victimes de Runa Plaza. Image : DW/H. U. R. Swapan

Nouvel accord en mai ?

Un accord international a aussi été signé entre les entreprises de la branche pour davantage de contrôles réguliers et une meilleure protection contre les incendies. 1600 usines du Bangladesh l'appliquent mais le pays en compte plus de 4500 en tout. Un nouvel accord devrait voir le jour en mai 2018 pour simplifier par exemple la possibilité pour les ouvriers, de porter plainte. Pour l'instant, deux syndicats et 140 entreprises l'ont signé.

Les défenseurs des droits de l'Homme continuent, eux, de réclamer des textes de loi, plus coercitifs que les engagements pris de façon volontaire. Et qui concernent aussi les multinationales qui sous-traitent dans les pays comme le Bangladesh.