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Cameroun : une conférence générale pour pacifier le pays

Elisabeth Asen Somo22 octobre 2018

C’est ce lundi 22 octobre que les résultats de la présidentielle seront proclamés par le Conseil constitutionnel. Des résultats qui seront publiés dans un contexte de tension dans les deux régions anglophones. Le Cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala, veut tenter de résorber cette crise avec la conférence générale anglophone les 21 et 22 novembre prochain à Buéa.

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Le Conseil constitutionnel publiera à 11h de Douala (10H GMT) les résultats de l’élection présidentielle du 7 octobre dernier. La situation est tendue depuis dimanche 21 octobre à Douala. Au moins trente personnes ont été interpellées en marge d'une manifestation à l'appel du député du Social democratic front, le SDF, principal parti d'opposition, Jean-Michel Nintcheu. Une marche contre les irrégularités du scrutin présidentiel interdite par les autorités. Deux journalistes camerounais présents sur les lieux de la marche interdite ont été également interpellés pendant plusieurs heures.  C'est la première fois depuis  le début  du processus électoral (mi-septembre) qu'une vague d'interpellations de cette ampleur est opérée contre un rassemblement politique. 

Tout ceci se tient dans un contexte marqué par la tension dans les deux régions, anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Pour tenter de résorber cette crise, une conférence générale anglophone sera organisée, les 21 et 22 novembre prochain, à Buea, la capitale de la région du Sud-Ouest. A l'initiative de l’archevêque émérite de Douala, le Cardinal Christian Tumi. Il est optimiste quant à la réussite de cette conférence.

 

DW : pourquoi organisez-vous la Conférence générale Anglophone ?


Cardinal Christian TUMI : l’idée m’est venue après avoir observé ce que faisait l'État pour résoudre les problèmes politiques dans le Cameroun anglophone. Ce que la conférence Épiscopale a fait, et les autres corps pour résoudre ce problème. L' État, c'est-à-dire le président de la République à envoyer les autorités là-bas pour dialoguer, j'ai constaté que rien n’a marché. J'ai proposé donc aux autres aînés de groupes religieux protestants, catholiques, musulmans, l’idée de convoquer les anglophones pour savoir pourquoi ils ne sont pas contents, quel est le problème qu’ils ont depuis la réunification. J’ai donc proposé aux autres et ils ont accepté. Nous voulons une rencontre des anglophones qui vivent dans ces régions pour voir quel est le véritable problème.

 

DW : on sait que Philémon YANG, le Premier ministrecamerounais a plusieurs fois rencontré les anglophones. Qu'allez-vous apporter de plus?


Cardinal Christian TUMI : le Premier ministre n'a pas réuni les anglophones, il a rencontré quelques-uns. Tout le monde est d'accord que c’est cette rencontre d'un autre genre, qui va réunir tous les anglophones. C'est spécial.

 

DW : vous avez besoin de financement pour organiser cette Conférence. N'aurait-il pas été aussi simple de demander au gouvernement de l'aide?


Cardinal Christian TUMI : nous ne voulons pas de l'aide du gouvernement. Nous-mêmes nous allons financer. Nous sommes sûrs d’avoir les moyens pour ça. Chacun est prêt à financer son voyage jusqu'à Buéa. Donc les problèmes d'argent ne se posent pas.


DW : qui vous allez mettre autour de la table? On sait déjà que le gouvernement n'acceptera pas de discuter avec ceux qu'il qualifie déjà de terroristes.


Cardinal Christian TUMI : le gouvernement va accepter parce que c'est absolument nécessaire qu'on se rencontre pour dialoguer. Autrement dit, comment sortir de cette crise ? Sans dialogue, ce n'est pas possible.

 

DW : croyez-vous que la libération de Sissiku Ayuk Tabe, président autoproclamé de la république d'Ambazonie et les autres... soit un préalable à la résolution de la crise?


Cardinal Christian TUMI : pas du tout! Mais nous avons dit que le dialogue est nécessaire entre ces sécessionnistes et le gouvernement. La conférence générale anglophone, n'est que le prélude d'une conférence nationale parce que ce n pas un problème uniquement pour les anglophones, le Cameroun tout entier est concerné.


DW : un mot sur l'élection du 07 octobre dernier?


Cardinal Christian TUMI : moi j'ai participé, mais je ne vous dis pas qui j'ai voté.

 

DW : pensez-vous que la décision du Conseil constitutionnel peut avoir un impact sur la crise dans les deux régions anglophones?

 

Cardinal Christian TUMI : je crois que oui. Mais il ne faut pas que les opposants prennent des positions radicales. Nous ne voulons pas de guerre, faut que chacun accepte les résultats. Et le conseil constitutionnel doit se montrer absolument objectif. La parole a été donnée publiquement à tout le monde. J'ai d'ailleurs admirer la patience et l'habilité d'écoute du président du conseil , Clément Atangana. Mais je crois queB ça va être très difficile pour eux de prendre une décision.