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Bundestag 2021 : des électeurs peu motivés dans la Ruhr

Carole Assignon | Bettina Stehkämper
20 septembre 2021

A Duisburg-Hochfeld, seul un électeur sur cinq a voté aux dernières élections. Dans ce quartier pauvre, les gens disent ne pas s'intéresser à la politique et aux législatives allemandes de dimanche.

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Dans les quartiers les plus pauvres, les abstentionnistes risquent d'être nombreux
Dans les quartiers les plus pauvres, les abstentionnistes risquent d'être nombreuxImage : Robert B. Fishman/dpa/picture alliance

A quelques jours des élections en Allemagne, nous vous emmenons à Duisburg, grande ville industrielle située dans le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, dans l'ouest du pays.

Duisburg-Hochfeld est une circonscription difficile. Seulement 22% des électeurs ont voté lors des dernières élections locales en 2020. Environ 20.000 personnes vivent dans l'ancien quartier ouvrier de Hochfeld. La plupart dépendent de l'aide sociale. Dans ce quartier défavorisé de la ville, les gens sont déçus et fatigués de la politique. Une situation qu'un candidat de gauche (die Linke) veut changer. Reportage.

Miser sur la culture et sur les jeunes

Mirza Edis ne compte plus les kilomètres qu'il a déjà parcourus dans son quartier de Hochfeld. Être présent dans la rue, parler aux gens, c'est ainsi que le candidat de gauche au Bundestag de 49 ans, de la circonscription de Duisburg, aborde son engagement politique.

A Duisburg, le candidat de Die Liinke, Mirza Edis, tente de convaincre ses concitoyens d'aller voter
A Duisburg, le candidat de Die Liinke, Mirza Edis, tente de convaincre ses concitoyens d'aller voterImage : DW

Vêtu d'un jean, d'un tee-shirt et de baskets, il parle à presque tout le monde. Parfois en allemand, parfois en turc, selon la situation.

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Mirza Edis a assisté au déclin de son quartier dès son plus jeune âge. Ses parents ont quitté la Turquie pour Duisburg-Hochfeld en 1975.

"Nous avons eu des maisons de jeunesse qui ont fermé, la piscine publique a fermé, les parcs d'attractions ne sont plus aussi attrayants qu'avant. Ça veut dire qu'on n'a plus investi dans ce domaine et pour finir, c'est la mauvaise gestion qui a conduit au fait que les gens ont perdu confiance en la politique, pour ainsi dire, et donc ne vont plus aux urnes."

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Mirza Edis, qui s'est engagé très tôt dans le syndicalisme, veut que les habitants du quartier prennent le contrôle de leur vie, qu'ils exercent aussi une influence politique. Mais la plupart d'entre eux n'ont pas la force de le faire.

Inégalités sociales

Dans une étude réalisée en 2010 par la Fondation Hans Böckler, on peut lire que "là où la participation électorale est faible, le taux de femmes célibataires est deux fois plus élevé, la proportion de migrants trois fois plus, le taux de chômage quatre fois plus et la proportion de logements financés par l'Etat dix fois plus élevée."

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Tout cela s'applique à Duisburg-Hochfeld. Onze ans après cette étude, la situation s'est encore aggravée. Les inégalités sociales se sont accrues. Ceux qui se sentent socialement marginalisés restent généralement à l'écart des urnes.

"Les pauvres ont d'autres soucis"

Günter Spikofski, responsable de la Banque alimentaire, qui distribue des dons alimentaires aux nécessiteux, a une explication simple.

Günter Spikofski côtoie la pauvreté tous les jours
Günter Spikofski côtoie la pauvreté tous les joursImage : DW

Selon lui, "les pauvres ont d'autres soucis que de voter. Et je crois que la politique et les gens s'éloignent de plus en plus. Quelqu'un qui aujourd'hui doit se soucier de la façon dont il va remplir son frigo ne cherche plus à savoir si le SPD ou la CDU ou quiconque est au pouvoir. "

"Je ne vote plus"

La Banque alimentaire de Duisbourg-Hochfeld approvisionne 400 ménages, soit près de 2.000 personnes par semaine. De nombreux retraités dans le besoin y font la queue avec leurs caddies.

La plupart sont gênés et blâment la politique qui, selon eux, les a mis dans cette situation. C'est le cas d'une femme d'une soixantaine d'années qui a requis l'anonymat et déclare : "J'ai toujours voté, je l'ai fait et refait et après on n'a que le droit de payer. Non, je ne vote plus".

Alors que beaucoup estiment que rien ne changera après les élections, Mirza Edis poursuit tout de même sa campagne et tente toujours de convaincre ses concitoyens d'aller aux urnes.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique