Blocage des discussions sur la Syrie
28 février 2017Le blocage total des "discussions " de Genève sur la Syrie était prévisible, souligne la taz, die tageszeitung. Après les succès remportés par ses troupes gouvernementales à Alep notamment, le président Assad est encore moins disposé à engager de véritables négociations que lors de la dernière conférence de Genève sur la Syrie au printemps 2016. Quant aux mouvements rebelles et groupes de l’opposition, entretemps sensiblement affaiblis, ils sont encore moins en position d’imposer leur exigence –jusqu’ici- commune qui est que Bachar al Assad se retire du pouvoir au plus tard lors de la mise en place d’un gouvernement provisoire à Damas. Aujourd’hui, plus aucun des alliés internationaux des adversaires internes du président Assad ne soutient cette exigence – qu’il s’agisse de la Turquie, des Etats-Unis, de l’Arabie Saoudite ou bien du Katar... Le blocage pourrait prendre fin à la seule condition que l’opposition fasse confiance à sa propre analyse, souvent réaffirmée, selon laquelle une très forte majorité de Syriens rejette Bachar al Assad et que lors d’élections libres et transparentes, il serait le grand perdant…Sa défaite lors d’élections démocratiques, conclut le journal de Berlin, serait aussi la meilleure condition pour un processus de réconciliation inter-syrien après la guerre…
Autre thème : la Turquie et la démocratie
Le correspondant du quotidien allemand Die Welt a été placé lundi en détention provisoire par un tribunal d'Istanbul…
Le journaliste Deniz Yücel s'était rendu à la police le 14 février à Istanbul, rappelle Die Welt, alors qu'il était recherché par la police pour ses articles sur le piratage de la messagerie électronique du ministre de l'Énergie. Ce dernier, Berat Albayrak est le gendre du président turc Recep Tayyip Erdogan. Deniz Yücel est officiellement accusé de propagande terroriste et d’incitation à la haine. Le destin du journaliste germano-turc met en exergue la disparition apparemment inexorable de l’Etat de droit en Turquie, souligne la Süddeutsche Zeitung. Deniz Yücel n’a rien fait de plus que son métier de journaliste et de correspondant : il a rapporté des faits, les a analysés, commentés. Ce faisant, il a aussi écrit des choses qui ont déplu au pouvoir…La Turquie est en train de glisser vers un Etat autoritaire, une dictature où des journalistes inconfortables sont déclarés terroristes, s'indigne la Süddeutsche. Depuis le coup d'Etat manqué du 15 juillet, la liberté de la presse est foulée au pied, le pouvoir agissant selon la parole :"Celui qui n’est pas pour nous est contre nous ! "
Le quotidien de Munich rappelle que Deniz Yücel n’est que l’un des 150 journalistes qui croupissent actuellement dans des prisons turques. Et ces 150 ne sont qu’une infime partie des quelque 43.000 personnes arrêtées et plus de 100.000 limogées en Turquie, des enseignants, policiers, militaires ou magistrats !…