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ConflitsBirmanie

La Birmanie exsangue, deux ans après le putsch

1 février 2023

Il y a deux ans jour pour jour, une junte militaire renversait Aung San Suu Kyi en Birmanie. Depuis, les victimes de la répression se comptent par milliers.

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Manifestation en Thaïlande pour dénoncer le putsch de 2021 en Birmanie
Manifestation en Thaïlande pour dénoncer le putsch de 2021 en BirmanieImage : Athit Perawongmetha/REUTERS

Des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Bangkok, en Thaïlande, pour marquer les deux ans du coup d'Etat en Birmanie voisine. Les manifestants dénonçaient la violence de la répression mise en place par la junte militaire au pouvoir.

Myanmar Protest Polizei
Image : Getty Images

Des milliers de morts

Près de 3.000 personnes ont été tuées dans la répression de la dissidence, plus de 18.000 arrêtées, plus d'un million et demi de personnes ont été déplacées par les violences. La situation est dramatique, en Birmanie, depuis l'arrivée au pouvoir de la junte, il y a deux ans jour pour jour.

Sur le plan économique, en juillet 2022, le PIB avait dégringolé de 13 points, selon la Banque mondiale, par rapport à son niveau d'avant le putsch. Et désormais, 40% de la population vit en-deçà du seuil national de pauvreté.

Portrait d'Aung San Suu Kyi, brandi par des manifestants à Bangkok (décembre 2022)
La dirigeante birmane déchue Aung San Suu Kyi a écopé de 33 années de prison fin décembre 2022Image : Peerapon Boonyakiat/SOPA Images via ZUMA Press/picture alliance

La guerre civile

Les violences continuent de faire rage. Avec d'un côté la junte militaire et ses alliés, de l'autre la résistance qui s'organise autour du Gouvernement d'unité nationale (NUG), destitué lors du putsch de 2021, et enfin plusieurs milices armées dont certaines prennent parti pour l'un ou l'autre de ces deux camps.

La plupart des experts pensent toutefois que les mouvements armés présents en Birmanie n'ont pas la capacité de renverser les militaires au pouvoir. L'armée a reçu en novembre dernier des avions de chasses russes pour compléter son arsenal. En face, les groupes qui la combattent ne disposent souvent que d'un armement artisanal.

Dans certaines régions, la population civile organise des collectes pour soutenir la résistance armée ou boycotter les entreprises qui soutiennent le pouvoir en place. Les militaires, eux, répriment toute forme de protestation.

 Min Aung Hlaing, le chef de la junte birmane, lors d'un discours (le 4 janvier 2023)
Min Aung Hlaing, le chef de la junte birmane, lors d'un discours en début d'annéeImage : Str/AFP/Getty Images

Les élections de 2023

Des élections sont prévues dans le pays cette année mais le politologue Michał Lubina, de l’Université Jagellon de Cracovie, juge qu'elles ne serviront qu’à asseoir le pouvoir de la junte en place.

" En gros, la junte birmane en a assez d'être qualifiée de junte, analyse-t-il. Elle veut donc préserver une sorte de façade pour faciliter, notamment pour les puissances asiatiques, la normalisation des relations avec Naypyidaw, la capitale."

Richard Horsey, spécialiste de la Birmanie à l'International Crisis Group, estime aussi que ces élections ne seront pas démocratiques. D'ailleurs, plusieurs mouvements armés du pays ont appelé à des actes de sabotage.

"Il est clair que la plupart des gens dans le pays vont boycotter le scrutin, déclare Richard Horsey à la DW. Le problème de la violence électorale est qu'il est peu probable que celle-ci empêche le régime de poursuivre ses plans, quels qu'ils soient. En revanche, cela nuira à la réputation de la résistance."

Des réfugiés rohingyas en Indonésie
Les persécutions ont poussé plus d'un million de Rohingyas à fuirImage : Chaideer Mahyuddin/AFP

Crimes de guerre et sanctions

Les Nations unies accusent l'armée de crimes de guerre, notamment contre les Rohingyas musulmans. Les prisons sont pleines de prisonniers politiques, la plus célèbre étant l'ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi, condamnée en décembre à une trentaine d'années de prison.

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie ont décidé de placer sous sanctions économiques six responsables birmans et trois entreprises publiques proches de la junte. Parmi elles : l'institution chargée de superviser les élections.