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23 juin 2010Dans les zones côtières américaines touchées par la marée noire, le moratoire sur les forages est loin de faire l'unanimité. Les gens craignent pour leurs emplois. Les opérations d'exploration en eau profonde ont dû être stoppées suite à l'annonce du moratoire fin mai et des milliers d'emplois sont en jeu. Si les compagnies pétrolières décident d'aller explorer ailleurs - on évoque le Brésil - l'économie locale sera lourdement touchée.
Le juge Martin Feldman, qui siège à La Nouvelle Orléans, a donné raison mardi à un groupe de compagnies pétrolières qui avaient déposé un recours contre le moratoire. Il a estimé que les plaignants réussiraient sans doute à démontrer que cette décision était "arbitraire et sans fondement".
Mais la Maison blanche ne compte pas en rester là. Ken Salazar, le secrétaire d'État à l'Intérieur a aussitôt annoncé qu'un nouveau décret serait proposé, "qui balaiera tous les doutes sur la nécessité et le caractère opportun d'un moratoire."
Il a rappelé au passage la légitimité de l'État fédéral d'imposer une telle décision, dans un pays où une grande partie de la population est opposée à un trop grand interventionnisme de Washington. La bataille judiciaire n'est sans doute pas terminée.
Sortir du pétrole
Barack Obama compte profiter des six mois du moratoire pour faire inspecter les plateformes du Golfe du Mexique, et s'assurer que le drame de Deepwater Horizon ne pourra pas se reproduire. Critiqué d'un côté pour son manque d'action depuis le début de la marée noire, il est attaqué de l'autre par ceux qui lui reprochent d'avoir surréagi.
Il continue en tout cas d'avancer ses pions dans le marathon législatif qu'est devenu le projet de loi climat-énergie, toujours bloqué au Congrès. Une nouvelle mouture du projet devrait être proposée d'ici au mois de juillet, qui inclura notamment une relance du nucléaire, pour sortir les États-Unis de leur dépendance vis-à-vis du pétrole. Le pays consomme à lui seul 22% du pétrole de la planète.
Par ailleurs, Barack Obama avait un autre dossier brûlant au programme ce mercredi. Il a reçu à la Maison blanche le général McChrystal, commandant en chef des forces alliées en Afghanistan, suite à une interview que celui-ci a accordé au magazine Rolling Stone. Il y aurait évoqué un fossé entre l'armée américaine et les conseillers d'Obama, mettant notamment en cause le vice-président Joe Biden et Richard Holbrooke, représentant spécial des États-Unis en Afghanistan et au Pakistan.
Auteur : Sébastien Martineau
Édition : Philippe Pognan