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Baisse record des transferts d'argent vers l'Afrique

Fréjus Quenum | Daniel Pelz
5 mai 2020

La Banque mondiale prévoit une chute de plus de 23% des transferts d'argent vers l'Afrique. Cela est la conséquence de la récession entraînée par la pandémie de Covid-19.

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Des clients de Ntulele au Kenya attendent d'envoyer de l'argent par M-Pesa (Archives)
Des clients de Ntulele au Kenya attendent d'envoyer de l'argent par M-Pesa (Archives)Image : picture-alliance/Landov

Durant les dernières années, les envois de fonds vers l'Afrique avaient pourtant augmenté, atteignant près du triple de l'aide publique au développement.

Mais d'après les estimations de la Banque mondiale, ces transferts devraient baisser à un niveau record. La cause, selon l'institution financière internationale, est la pandémie de coronavirus.

Dilip Ratha, expert à la Banque mondiale le confirme. L'institution, dit-il, s'attend "à ce que les transferts d'argent vers l'Afrique chutent de plus de 23%. Ce serait un niveau sans précédent depuis les années 1980 quand nous avons commencé à documenter ces opérations".

Concrètement, au lieu de 48 milliards de dollars, soit environ 42 milliards d'euros, de transferts attendus, le montant des envois pourraient chuter à 37 milliards de dollars, soit quelques 34 milliards d'euros.

Des migrants en situation irrégulière en Italie, transférés de Lampedusa (Archives - 04.05.2011)
Des migrants en situation irrégulière en Italie, transférés de Lampedusa (Archives - 04.05.2011)Image : AP

Perte d'emplois et de salaires

Cette situation est la conséquence de la paralysie de secteurs entiers de l'économie en Europe ou aux Etats-Unis. Selon Dilip Ratha, "il y a un grand nombre d'Africains de la diaspora qui n'ont pas un emploi qualifié et évoluent dans des branches d'activités qui doivent fermer. Beaucoup d'entre eux sont des travailleurs saisonniers. Ceux-là sont vulnérables. Ils sont les premiers à perdre leur emploi ou à subir des coupes salariales".

La baisse des transferts est aussi liée aux structures opérant dans ce secteur. Certaines d'entre elles s'appuient sur des petites entreprises locales qui ont aussi fermé en raison des mesures de précaution contre le Covid-19.

Il existe d'autres voies de convoyage de fonds mais celles-ci sont souvent plus compliquées.

Dans une ville du nord-est de Sierra Leone, des petits commerçants vendent devant un bureau de transfert d'argent (Archives - 12.03.2011)
Dans une ville du nord-est de Sierra Leone, des petits commerçants vendent devant un bureau de transfert d'argent (Archives - 12.03.2011)Image : picture-alliance/ZB

Des familles entières dépendent des transferts de fonds

Pour l'économiste kényan Jacob Omolo, ce problème doit trouver une solution au vu du rôle essentiel que jouent les transferts d'argent.

"Il faut sérieusement penser à des solutions de paiements en espèce pour sauver certaines couches sociales particulièrement dépendantes de ces fonds. Il faudrait aussi procéder à des distributions de nourritures. Car dans beaucoup de pays, il manque une forme d'assurance sociale pour les personnes vulnérables", insiste-t-il.

Mais ces mesures proposées nécessitent un financement. Selon la Banque mondiale, les Etats africains ont besoin de 105 milliards d'euros pour faire face à la crise. Les promesses de dons extérieures n'atteignent que 65 milliards d'euros pour l'instant.

La crise du Covid-19 met donc le continent africain face à la pire récession depuis 25 ans.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum