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Réduction de la teneur en soufre des carburants au Bénin

Claire Stephane Sacramento
15 juillet 2019

A compter de ce 15 juillet, la teneur en soufre des carburants passera de 3.500 à 150 particules par million pour l’essence et de 3.500 à 50 particules par million pour le diesel.

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Senegal Luftverschmutzung in Dakar
Image : Getty Images/AFP/Seyllou

"Les particules fines sont responsables du cancer du poumon et des pathologies cardio-vasculaires" (Medécin)

Depuis des décennies, les carburants importés au Bénin comme dans la grande majorité des pays africains sont de très mauvaise qualité. Polluant l’environnement, ils sont à l'origine chaque année de dizaine de milliers de décès liés à la mauvaise qualité de l'air.

Cette décision de réduire la teneur en soufre des carburants, fait suite au scandale révélé en 2016 par l'ONG suisse Public eye dans son rapport "Dirty Diesel". En effet, l'Afrique importe des carburants très polluants dont les teneurs en soufre sont entre 200 et 1.000 fois supérieures aux normes européennes.

Les fines particules sont nuisibles à la santé comme l’explique Judith Sègnon, médecin de santé publique.

"Il y a beaucoup de particules fines reconnues responsables du cancer du poumon et de pathologies cardio-vasculaires. Plus elles sont fines, plus elles traversent les voies respiratoires pour aller atteindre les poumons et causer des pathologies comme l’asthme, la broncho-pneumopathie chronique obstructive et aussi les cancers du poumon."

Un exemple pour l'Afrique

Le Bénin est un des premiers pays en Afrique à bannir les carburants sales. Le moratoire accordé aux professionnels de l’industrie pétrolière, consécutif à un arrêté interministériel pris le 15 janvier, arrive à échéance le 15 juillet. Archille Adjéniyan, cadre du ministère de l'eau et des mines.

"C’est une directive communautaire de la CEDEAO qui a été prise dans ce sens et le Bénin est en train de se conformer à cette directive communautaire. Il est question ici de la teneur en soufre de l’essence et du diesel couramment utilisés dans les transports notamment", confirme  Archille Adjéniyan.

Un poison qui se répand en Afrique de l’Ouest

Archille Adjéniyan ajoute que "c'est ce volet qui affecte la santé des populations et l’environnement. Donc, dans le cadre de l’assainissement, cet arrêté fixe la teneur en soufre pour l’essence à 150 ppm (parties par million, ndlr) et pour le diesel à 50 ppm. Il faut reconnaître que nous sommes partis de 3.500 ppm pour ces produits. C’est un effort pour la santé de nos populations et de notre environnement."

La satisfaction des ONG 

Clément Kotan, directeur de l’Unité de protection de l’environnement, une ONG active dans la lutte contre la pollution, se dit cette fois confiant sur la mise en œuvre effective de cette décision.

"La mise en exécution je crois, cette fois-ci, va être réelle. Au niveau du ministère de l’Eau et des Mines, il y a la direction des hydrocarbures qui s’occupe du contrôle de la qualité de carburants qui rentrent dans notre pays. Il n’y a aucune raison qu’elle ne soit pas appliquée et que la société béninoise ne soit pas active sur le terrain. Je pense qu’avec tout ce que cela engendre comme problèmes, la société civile ne se laissera pas faire", explique le défenseur de l'environnement.

Une mesure dans laquelle les Béninois placent beaucoup d’espoir. Avec l’annonce de la fin du "diesel sale", le Bénin donne l'exemple en Afrique même s’il faudra encore des décennies avant que les carburants très polluants disparaissent de la région.