Au Gabon, un putsch qui fait pschitt

C'est vers cinq heures trente ce matin qu'un groupe constitué de neuf militaires au total, appartenant à la Compagnie d'honneur des forces de défense et de sécurité du Gabon, un groupe qui se réclame du mouvement patriotique des jeunes des forces de défense et de sécurité a pris d'assaut les locaux de la radio nationale.

Ceux-ci ont ensuite appelé les Gabonais à une insurrection contre les institutions de la République et à la mise en place d'un conseil national de restauration. Le lieutenant Kelly Ondo Obiang et les membres de son groupe avaient réveillé les Gabonais ce matin par un message peu ordinaire. Ils disaient en effet vouloir "mettre en déroute toutes les manœuvres en cours visant la confiscation du pouvoir dans le pays."Extrait de leur message diffusé lundi matin :

"Chers jeunes, il est temps de prendre notre destin en main. L'heure a sonné- Le jour tant attendu est arrivé. Ce jour où l'armée a décidé de se mettre aux côtés de son peuple afin de sauver le Gabon du chaos. Alors si vous êtes en train de manger, arrêtez! Si vous êtes en train de prendre un verre, arrêtez! Si vous êtes en train de dormir, réveillez-vous! Réveillez vos voisins, dans toutes les provinces, toutes les villes, tous les villages: levez-vous comme un seul homme et prenez le contrôle de la rue!"

Tentative de courte durée

Mais c'est une tentative de coup d'Etat qui n'a pas duré longtemps puisque, selon le gouvernement, le dispositif militaire et policier mis en place a rapidement permis d'arrêter et de neutraliser les putschistes.

Ecoutons un extrait de la déclaration du gouvernement, lue par son porte-parole Guy-Bertrand Mapangou, ministre d'Etat en charge de la Communication.

"Sitôt informé de la situation, le gouvernement de la République a mis en place un dispositif d'intervention dont le déploiement rapide et efficace a permis de neutraliser et d'arrêter l'ensemble des membres de ce groupuscule. Au cours de cette opération, il a été enregistré deux morts parmi les insurgés. Les autres insurgés, parmi lesquels le Lieutenant Obiang Kelly ont été  mis à disposition de la République."

Affrontements à Libreville

Des heurts entre des jeunes et les forces de sécurité ont eu lieu dans le quartier populaire Cocotiers de Libreville. Mais les autorités gabonaises assurent que la situation est sous contrôle. Toutefois l'accès à internet, ainsi que la diffusion de la télévision et radio nationale restent suspendus (voir Communiqué de RSF en lien ci-dessous).

Condamnations internationales

Le coup de force militaire a été condamné par le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, l'Union africaine et le gouvernement français.

Ecoutez ci-dessous le retour à 17h TU, avec Gérauds Wilfried Obangome, notre correspondant sur place, sur les événements de la journée.