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Au Gabon, la galère des footballeurs professionnels

Ali Farhat avec AFP
4 mai 2021

Entre salaires non versés et contrats non respectés, les footballeurs professionnels du championnat local sont souvent dans une situation très précaire.

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Gamamba Souleimane, ancien joueur reconverti en peintre de bâtiment
Gamamba Souleimane, ancien joueur reconverti en peintre de bâtimentImage : Steeve Jordan/AFP

Malgré l'arrêt du championnat depuis plus d'un an, Chico Sassou continue à taquiner le cuir. Ce défenseur de 32 ans, qui a notamment évolué pour le CF Mounana, sait que l'intensité n'est pas au rendez-vous dans les parties improvisées le week-end, mais continue de jouer pour garder la forme et être prêt le jour où le championnat reprendra, même s'il ne se fait pas trop d'illusions quant à l'avenir.

"Les deux dernières années avant le Covid, la situation était déjà difficile. C'est-à-dire qu’on jouait un championnat sur sept à huit mois, mais on ne recevait pratiquement qu’un à deux mois de salaire", témoigne Chico Sassaou. "On faisait du sport, on jouait le championnat parce qu'on aimait le foot, mais là aujourd'hui c’est compliqué parce qu’on nous fait croire qu'avec le Covid on ne peut plus rien faire".

Des salaires impayés qui ne sont plus versés

À l'instar de Chico Sassou, de nombreux joueurs ne percevaient en moyenne que deux mois de salaire sur douze, selon une enquête de l'ANFPG, l'Association Nationale des Footballeurs Professionnels du Gabon. Des salaires mensuels peu élevés - environ 100 000 Francs CFA, soit 150 euros - qui ne sont plus du tout versés depuis l'arrêt du championnat en mars 2020. Pour Remi Ebanega, président de l'ANFPG, la situation est plus que critique : 

"Depuis plus d'un an déjà, les joueurs sont sans activités parce que le gouvernement a arrêté déjà les activités et quand on se souvient qu'avant même la crise du Covid-19 la situation des footballeurs était déjà très compliquée, la majorité était dans une situation d'extrême précarité", estime Remi Ebanega. "Vous voyez qu’avec la crise qui s’est installée, le manque d’activité, parce qu'ils ne peuvent plus exercer leur métier, c’est vraiment le chaos en fait".

Remi Ebanega
Ancien joueur de l'AJ Auxerre, Remi Ebanega est aujourd'hui président de l'ANFPGImage : PanoramiC/imago images

Une reconversion quasi obligatoire pour survivre

Pour subvenir à leurs besoins, certains ont décidé de choisir une autre voie. C'est le cas de Gamamba Souleimane, footballeur devenu peintre en bâtiment. S'il gagne bien mieux sa vie dans ce domaine, il s'inquiète pour ses congénères qui n'ont rien d'autre dans leur vie :  

"Des gars à qui on manque de respect, qui n'arrivent pas à manger, qui n'arrivent pas à se vêtir? Mais quel est ce sentiment que je peux avoir si ce n'est qu’un sentiment de regret? J’ai peur pour leur avenir parce qu’ils n’ont que le football", témoigne-t-il.

Aidée par la FIFPro, le syndicat mondial des footballeurs professionnels, l'ANFPG a mis en place une boutique solidaire et offre à huit joueurs tous les mois des kits alimentaires - du riz, des conserves, de l'huile - d'une valeur d'environ 30.000 FCFA (45 euros). Une aide précieuse pour des personnes comme Chico Sassou, pour l'aider à nourrir son enfant et sa petite amie, tout en cherchant des petits boulots à côté. En attendant des jours meilleurs.

 Ali Farhat, Redakteur DW Afrique
Ali Farhat Journaliste au programme francophone de la Deutsche Wellederpariser