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Armes chimiques ou dentifrice ?

Aude Gensbittel20 septembre 2013

L’Allemagne a-t-elle contribué à la fabrication d’armes chimiques en Syrie ? Entre 2002 et 2006, Berlin a autorisé l’exportation de produits chimiques vers le pays, mais était-ce vraiment pour un usage civil ?

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Plus de 100 tonnes de produits chimiques allemands ont été livrés à la Syrie
Plus de 100 tonnes de produits chimiques allemands ont été livrés à la SyrieImage : picture-alliance/dpa

Livrer des produits chimiques à un régime comme celui de Damas à un moment où le monde savait déjà que Bachar al-Assad travaillait à un important programme d’armes chimiques relève de la pure négligeance, estime le General Anzeiger. Des êtres humains sont morts à cause de gaz toxiques. Sans aucune chance de s’en sortir. L’Allemagne aurait eu la chance de faire quelque chose : ne pas livrer ces substances.

Le rapport des experts de l'ONU a confirmé l'utilisation de gaz sarin en Syrie
Le rapport des experts de l'ONU a confirmé l'utilisation de gaz sarin en SyrieImage : Reuters/Mohamed Abdullah

Le fluorure de sodium, l'acide fluorhydrique et l'hydrogénoflurorure d'ammonium vendus à la Syrie ont rapporté 173.000 euros à l’Allemagne, note la Neue Osnabrücker Zeitung. Ces substances ont peut-être contribué à la mort atroce de plus de 1.000 personnes dans la guerre civile en Syrie. 1.000 morts d’un côté, 173.000 euros de chiffre d’affaires de l’autre. Un calcul tout à fait immoral. S’il est exact. Car pour l’instant, rien n’est prouvé. Toutefois, rien que la possibilité que des entreprises allemandes puissent aider un criminel comme Assad à produire un gaz destiné à tuer jette à nouveaux de sérieux doutes sur la politique d’export d’armement de l’Allemagne.

Le président Bachar al-Assad a accepté la destruction de l'arsenal syrien d'armes chimiques
Le président Bachar al-Assad a accepté la destruction de l'arsenal syrien d'armes chimiquesImage : Reuters

Die Tageszeitung rappelle qu’il y a beaucoup de produits qui ont un double usage : on peut par exemple en faire du dentifrice ou des armes de destruction massive. Selon le gouvernement allemand, l’utilisation civile des substances en question « était exposée de façon plausible », il n’y avait « aucun indice » sur la fabrication d’armes. On ne savait donc pas, on n’a pas non plus reçu de garanties, en fait, rien n’était sûr. Les entreprises allemandes auraient-elles gagné quelques malheureux 170.000 euros en permettant à Assad de gazer sa population ? L’incertitude sur cette question ne devrait mener qu’à une seule conclusion : l’exportation de produits à double usage doit être limitée dans les régions de crise.

La Rheinpfalz argumente de son côté que même des règles plus sévères ne permettront pas d’empêcher l’emploi abusif des produits chimiques. Il y aussi des choses dont on penserait difficilement qu’elles puissent avoir un double usage. Les auteurs de l’attentat commis lors du marathon de Boston avaient par exemple utilisé une cocotte-minute pour fabriquer une bombe.