Les conséquences de la crise en Thuringe s'enchaînent
7 février 2020
La crise politique dans la région de Thuringe (ex-Allemagne de l'est) ébranle la CDU. Le parti de la chancelière Angela Merkel s'est réuni vendredi matin (07.02.2020) à Berlin pour tenter de resserrer la cohésion du parti après que certains élus régionaux de Thuringe ont noué une entente avec la droite populiste du parti AfD.
En agissant ainsi, ils ont franchi une ligne rouge car la CDU s'est fixé comme principe de ne jamais faire alliance avec la Gauche radicale (die Linke) ou avec l'AfD. Mais au-delà de la CDU, c'est tout le pays qui s'interroge sur le poids grandissant d'une droite populiste et anti-démocratique dans la vie politique.
Election surprise
La mise en commun des voix des élus régionaux de la CDU et de l'AfD a permis au libéral Thomas Kemmerich d'être élu président de la région de Thuringe.
Celui-ci a démenti avoir négocié avec les représentants des deux autres partis. Il a d'abord tenté de se maintenir à son poste mais après que la chancelière Angela Merkel a qualifié d'"acte impardonnable" cette alliance électorale inédite depuis l'après-guerre, la pression était trop grande et il a dû annoncer qu'il renonçait à son poste.
La CDU est dans la tourmente car elle n'a pas su imposer à ses élu locaux la règle qui interdit toute alliance avec l'AfD – un parti populiste dont certains responsables tiennent des propos ouvertement antisémites ou nostalgiques de la période nazie.
Ce vendredi à Berlin, lors d'une réunion du parti, la CDU a recommandé à ses représentants régionaux de Thuringe d'étudier avec les sociaux-démocrates et les Verts la possibilité de désigner un candidat de consensus à la présidence de la région.
Proposition rejetée
En principe, avec leurs voix cumulées, CDU, SPD et Verts pourraient constituer une majorité de 35%. Mais les sociaux-démocrates et les Verts ont rejeté cette proposition, laissant la CDU affronter seule la tempête politique.
Dans un tweet, le chef de file du SPD de Thuringe, Wolfgang Tiefensee, a expliqué que pour lui, une nouvelle élection est la seule solution à la crise. Mais l'organisation de nouvelles élections, soutenue par la secrétaire générale de la CDU Annegret Kramp-Karrenbauer, est rejetée par la représentation du parti en Thuringe.
En cas de nouvelles élections, le parti d'Angela Merkel risque de connaître une débâcle, selon un sondage publié ce vendredi.
En revanche, cela devrait profiter à la Gauche qui pourrait prendre la présidence de région, en coalition avec les sociaux-démocrates et les Verts.