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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

5 mars 2010

Le Togo, où l'élection présidentielle a eu lieu jeudi dernier, est sans surprise un sujet cette semaine pour la presse allemande.

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Faure Gnassingbé à BerlinImage : DW

Dans son édition du 4 mars par exemple, donc le jour du scrutin, la Frankfurter Allgemeine Zeitung écrit que, si les généraux n'étaient pas là, Faure Gnassingbé, le president sortant, serait battu à plates coutures. D'ailleurs, souligne le journal, si la dernière élection de 2005 s'était déroulée correctement, jamais le fils du dictateur Gnassingbé Eyadéma ne serait devenu président. Mais la recherche d'un consensus politique par Faure Gnassingbé et les élections législatives, étonnamment propres de 2007, valent au Togo d'être rentré dans les grâces des grands bailleurs de fonds - Union européenne, Banque Mondiale, Fonds monétaire international - qui pour cause de "déficit démocratique" ont battu froid au Togo pendant 15 ans. Les finances publiques du pays passent pour plus ou moins transparentes. Les semences pour les paysans sont aujourd'hui subventionnées par l'Etat, et l'école, dans les petites classes du primaire, est gratuite. Contrairement à ses promesses, poursuit le journal, Faure Gnassingbé n'a en revanche pas réussi à faire baisser le chômage. Et s'il affirme avoir réformé l'armée, la réalité est toute autre, poursuit notre confrère: 80% des soldats appartiennent à l'ethnie présidentielle des Kabiye et plus de 20% des officiers supérieurs sont originaires de Pya, la ville natale d'Eyadéma. Autant dire, souligne la FAZ, que l'armée n'autorisera pas une défaite de Faure Gnassingbé.

Deutsche Kolonialbeamte in Lome Togo
Fonctionnaires coloniaux allemands à Lomé en 1905Image : picture-alliance/akg-images

Le Togo figure aussi dans la presse pour une autre raison. Comme d'autres pays africains, il fête cette année ses 50 ans d'indépendance. C'est l'occasion, pour la Tageszeitung, d'une rencontre avec un germaniste togolais, Gilbert Dotsé Yigbé. La germanistique, lui demande le journal, est-elle une discipline particulièrement appréciée dans les anciennes colonies allemandes comme le Togo, le Cameroun, la Tanzanie ou la Namibie? Non, répond le Dr. Yigbé. Au Togo nous sommes particulièrement actifs en la matière, mais la germanistique enseignée à Dakar au Sénégal a aussi une excellente réputation dans notre région. Et à la question de savoir pourquoi l'étude de l'allemand est quand même très populaire au Togo, Gilbert Dotsé Yigbé livre cette explication: il existe, aujourd'hui encore, une étrange nostalgie de l'Allemagne. Le Togo passait pour une colonie modèle. Certains Togolais regrettent toujours cette époque. C'est absurde.

Opfer des Völkermordes in Ruanda Vorwürfe gegen Frankreich
Victimes du génocide au RwandaImage : AP

La semaine dernière la presse allemande parlait d'une amorce de réconcilation entre la France et le Rwanda avec la visite du président Sarkozy à Kigali. Cette semaine elle se fait l'écho de l'arrestation, en France, d'Agathe Habyarimana, la veuve de l'ancien président Habyarimana, assassiné début avril 1994. L'attentat contre son avion, on s'en souvient, avait été l'élément déclencheur du génocide. Entre temps Madame Habyarimana a été remise en liberté, et placée sous contrôle judiciaire. La dangereuse Madame Agathe, comme l'appelle la Tageszeitung. Elle passe, écrit le journal, pour la génocidaire numéro un au Rwanda. Et pourtant elle a vécu pendant 16 ans près de Paris sans être inquiétée. Le journal rappelle que dans les premiers jours du génocide elle a été exfiltrée du Rwanda par des militaires français. A Paris elle a été accueillie avec des fleurs par le président Mitterrand. Mais note plus loin le journal: Nicolas Sarkozy l'a dit à Kigali: c'en est fini de l'hospitalité française pour les génocidaires. Kigali, ajoute la TAZ, avait envoyé en 2004 à Paris un mandat d'arrêt pour Madame Agathe. Les accusations sont graves: c'est l'Akazu, le clan familial groupé autour de Mme Habyarimana qui aurait planifié le génocide. La Frankfurter Rundschau relève que ce clan radical de l'Akazu aurait aussi planifié l'attentat contre l'avion présidentiel, Juvénal Habyarimana étant jugé trop modéré. Le Tagesspiegel de Berlin rappelle de son côté qu'Agathe Habyarimana avait déposé en France plusieurs demandes d'asile. Toutes ont été rejetées pour soupçon de participation au génocide. Comme n'importe quelle autre étrangère sans papiers, elle aurait dû être expulsée depuis longtemps.

Uganda Demonstration gegen Homosexuelle in Kampala
Manifestation contre les homosexuels à Kampala, décembre 2009Image : AP

Autre sujet abordé cette semaine par la presse allemande: le projet de loi déposé en Ouganda pour durcir la répression contre les homosexuels. Et l'Ouganda n'est pas un cas isolé en Afrique, lit-on dans la Berliner Zeitung. L'homophobie y est largement répandue. L'homosexualité est punie dans 37 des 53 pays du continent. Des lois aussi sévères qu'en Ouganda sont en préparation au Nigéria et au Rwanda. En Gambie le président Yaya Jameh a donné 24 heures aux homosexuels pour quitter le pays, faute de quoi ils seront "raccourcis d'une tête". Partout en Afrique, note le journal, les violences faites aux homosexuels s'appuient en gros sur le même argument: l'homosexualité serait étrangère à la culture africaine et aurait été importée par des occidentaux décadents. La chasse aux homosexuels en Afrique s'inscrit-elle dans un combat anti-colonial contre des valeurs occidentales destructrices, demande le journal. Dans le cas de l'Ouganda au moins, c'est l'inverse qui est vrai. Le durcissement draconien des peines encourures par les homosexuels a été préparé par des représentants de l'occident. Et le journal d'évoquer une conférence tenue au printemps 2009, conférence au cours de laquelle trois éminents évangélistes américains se sont juré "d'éradiquer l'homosexualité en Ouganda".

WM Südafrika 2010 Moses Mabhida Stadion in Durban
Stade de DurbanImage : picture alliance / dpa

Enfin à trois mois de la Coupe du monde de football, la Berliner Zeitung écrit que l'Afrique du sud qui se sent critiquée à tort. Maintenant qu'il est sûr que les dix stades seront tous prêts à temps, l'attention se porte ailleurs: sur la qualité des pelouses, le niveau des hôtels dans lesquels les équipes seront logées, et bien sûr la sécurité. Les organisateurs s'irritent surtout des informations répandues sur le fort taux de criminalité. Un fabricant britannique de gilets pare-balles a même conseillé le port de ces gilets à tous les supporteurs et une firme allemande voulait déjà équiper le onze national allemand de ce genre de protection. Or souligne le journal, les responsables rappellent à juste titre que l'Afrique du sud a déjà organisé de grands rassemblements, sportifs et autres, sans que quiconque y ait laissé un seul cheveu. Mais poursuit le journal, le nombre de billets vendus jusqu'à présent est resté très en deça des attentes. On attendait à l'origine 500 000 visiteurs étrangers. S'il y en a la moitié, les Sud-Africains s'estimeront déjà heureux.

Auteur: Marie-Ange Pioerron

Edition: Fréjus Quenum