Victoires et défaites
12 novembre 2008Commençons par le commencement : la fin de la Première Guerre mondiale. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, les grands anniversaires des horreurs du XXe siècle sont aujourd'hui des manifestations de pacifisme et de réconciliation. C'est pourquoi la décision d'Angela Merkel de se rendre à l'invitation de la Pologne, qui fêtait en ce 11 novembre l'anniversaire de son indépendance retrouvée, était la bonne. Même si en 90 ans, rien n'a changé dans le fait que le bonheur de la Pologne soit aussi la plus sombre heure de l'histoire allemande, une telle invitation en dit bien plus sur l'état de l'Europe que des millions de conférences.
Comme d'autres homologues, Die Welt illustre aussi sa Une avec une photo des trois derniers survivants anglais de la première grande boucherie humaine de l'histoire européenne moderne. Mais le quotidien revient aussi sur la défaite infligée aux deux géants allemands de l'électricité, RWE et E.on par le tribunal constitutionnel de Karlsruhe. Ceci est un premier pas vers un marché plus concurrentiel de l'énergie.
Même photo en Une et même intérêt manifesté au jugement du tribunal à la Süddeutsche Zeitung qui revient, comme en contrepoint, sur le projet de la coalition de Berlin d'autoriser l'armée allemande à intervenir sur le territoire national, chose jusqu'ici encore interdite par la constitution. Pour le SPD, au début d'accord, la version originale allait finalement trop loin. La nouvelle mouture, qui permet seulement l'utilisation des forces aériennes et maritimes en cas d'urgence extrême, est bien suffisante.
Mais pourquoi le SPD ne reconnaît-il pas la contradiction interne que recèle cette modification de la Constitution ? s'insurge la Frankfurter Rundschau. Le projet de Wolfgang Schäuble qui veut permettre de répondre au seul cas d'urgence nationale envisageable, n'a pas de sens. La stricte séparation entre sécurité intérieure et extérieure, entre police et armée, est l'un des éléments essentiels de la loi fondamentale.
Un point crucial qui ne trouvera certainement pas encore de réponse, selon la Tageszeitung. Comme les sociaux-démocrates ne sont prêts qu´à une minuscule modification et que ceci est bien trop peu pour le Ministre de l'Intérieur et son homologue de la Défense, la constitution ne sera pas modifiée. Et c'est bien comme ça, conclut le quotidien de Berlin, qui pour la troisième journée consécutive, est le seul à faire encore sa Une avec les manifestations antinucléaires du week-end dernier.