Vers un report de la présidentielle à Madagascar
28 mai 2013C'est le dernier rebondissement d'un feuilleton qui dure depuis plus de quatre ans. Les militaires et l'actuel président de transition Andry Rajoelina avaient demandé ces derniers jours que l'élection, prévue pour le 24 juillet, soit reportée d'un mois. Le temps, selon eux, de rétablir un climat d'apaisement propice aux élections. La Cour électorale spéciale vient de juger que leur demande était "recevable".
Un financement compromis
Elle estime que les circonstances justifieraient un report, et ce pour deux raisons. D'abord elle avance que la communauté internationale suspend les financement des élections tant que les trois principaux candidats ne retirent pas leurs candidatures. Le président de transition Andry Rajoelina, l'ex-première Dame Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka sont sommés, depuis plusieurs semaines, de retirer leurs candidatures jugées illégitimes. Andry Rajoelina avait promis qu'il ne se présenterait pas, puis il a déposé sa candidature hors délai. Quant aux deux autres, ils ne remplissent pas les conditions d'éligibilité. Cette suspension des financements internationaux « compromet très gravement la réalisation du processus électoral », selon la Cour électorale spéciale.
Un climat trop tendu
Deuxième raison invoquée : la situation politique actuelle. Le conflit entre les trois adversaires crée un climat trop tendu pour organiser des élections, selon la Cour. Elle constate donc un "cas de force majeur" nécessaire pour reporter le scrutin. Mais elle affirme en même temps qu'elle n'est pas compétente pour décider d'un report. Qui devra donc décider ? Sans doute le gouvernement. Selon la loi, un report des élections doit être examiné en conseil des ministres.
Pari gagné pour Rajoelina ?
Il semble donc qu'Andry Rajoelina ait réussi à faire fléchir une nouvelle fois la Cour électorale spéciale, la même Cour qui avait validé sa candidature il y a un mois. Le président de la transition aurait dû démissionner lundi au plus tard pour rester candidat, la loi prévoyant que les candidats aux élections démissionnent 60 jours avant le scrutin. Mais il a refusé de quitter ses fonctions et préférait miser sur un report.
Reste que la SADC, la Communauté de développement d'Afrique australe, qui est en charge du dossier malgache, a fermement rejeté l'idée d'un nouveau report des élections. La communauté internationale pourrait cette fois, après de nombreuses menaces, décider de mettre fin au financement des élections, et ne pas reconnaître le processus.