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Verrouiller pour mieux régner

14 juillet 2021

Une proposition de loi, déposée à l’Assemblée nationale en RDC, stipule que chaque candidat à la présidence devra être de parents congolais. Ce type de manœuvre a déjà été observé sur le continent.

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Symbolbild I roter Sessel
Image : Moritz Wolf/imagebroker/imago images

Clause de nationalité, âge des candidats, casier judiciaire vierge, certificat de résidence ou médical... les pouvoirs en place ne manquent pas de créativité pour barrer le chemin aux potentiels candidats challengeurs lors des élections. Dany Ayida, directeur résident en RDC du National Democratic Insitute, le rappelle.

Il y a la condition de parrainage qui arrive de plus en plus. Tout récemment, il y a le Bénin et le Sénégal qui ont eu recours massivement à cette méthode. Il y a la caution bancaire. Lors du dernier scrutin au Bénin, le montant était élevé pour un certain nombre de citoyens béninois qui ne pouvaient pas aller à ces élections. En ce qui concerne les candidatures indépendantes, par exemple au Togo, vous ne pouvez pas être candidat à l’élection présidentielle si vous n’êtes pas responsable d’un parti politique ou bien si un parti politique ne vous présente pas comme candidat, " précise l’expert.

" Il faut que les citoyens soient plus éveillés et plus regardants" (Dany Ayida)

La contrainte à l’exil est quant à elle exploitée par plusieurs régimes, on a vu cela au Cameroun, on a vu cela au Togo à un certain moment sous le général Eyadema, on a vu cela dans d’autres pays également, récemment en Côte d’Ivoire aussi. Cela s’est vu dans l’histoire récente de l’Afrique " poursuit Dany Ayida qui insiste sur le fait " qu’en ce qui concerne l’attestation fiscale, c’est l’administration fiscale des pays qui délivre ces dossiers et quand cela n’est pas fait à un opposant c’est difficile et on l’a vu dans pas mal de pays. La question des délais de résidence, on a vu le cas du Togo, je pense qu’il y a quelques années on en a parlé en Guinée aussi. En ce qui concerne le gros débat sur la question de citoyenneté ou de la nationalité, on se souviendra de la question de l’ivoirité. "

Lire aussi: En RDC, le projet de loi Tshiani fait des vagues avant même son examen

Pour contrer ces tentatives de musèlement de l'opposition, Dany Ayida prône l’éducation et l’éveil des consciences.  " Il faut éduquer de plus en plus les classes politiques en Afrique, que l’on comprenne que le système politique que l’on se bat à instaurer doit pouvoir s’imposer à soi. Il faut qu’on puisse avoir des mesures de régulation, il faut que les citoyens soient plus éveillés et plus regardants. Il faut aussi que les appareils d’Etat ne servent pas à réprimer cela. C’est quand les citoyens seront plus éduqués qu’ils constitueront une charpente, une barrière à ces déviances que l’on observe de plus en plus sur le continent. "

L'un des contre-exemples les plus fameux à la clause de nationalité vient d'Amérique : Barak Obama est né d’un père kenyan et d’une mère américaine. Ce qui ne l'a pas empêché de devenir le 44ème président des Etats Unis.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash