Une tournée contestée
14 décembre 2010Les Guttenberg rendent visite ensemble aux soldats de la Bundeswehr, explique die Welt. À l'époque de la fête de l'amour et de la famille, certains de ceux qui sont stationnés là-bas pour défendre nos libertés se sentent bien seuls. L'attention manifestée par l'épouse du ministre de la Défense, représentant des millions de citoyens allemands, est pourtant une évidence qui ne se laisse pas réduire à la seule « pipolisation ». Les Allemands se plaignent souvent que leur capitale brille surtout par son manque d'éclat, face à la pompe élyséeenne ou au glamour de la Maison-Blanche. Apparemment, Theodor zu Guttenberg les a entendus.
Hier sur les plateaux de télévision et demain aussi, quelle vie de chien pour une épouse de ministre de la Défense, ironise par contre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Voilà enfin une tournée des popotes qui mérite son nom ! Pourtant, Theodor von Guttenberg doit veiller à ne pas devenir trop « pipole ». Un ministre de la Défense, ce n'est pas une star du show-biz, même à Noël.
Que fait le chef des armées allemandes lorsqu'il rend visite aux troupes en opération ? interroge la Frankfurter Rundschau. Son devoir ? Que nenni ! Comme il le dit lui-même, c'est une simple « affaire de sentiments ». Non pas que le plaisir des soldates et des soldats sur le terrain ne soit pas légitime. Mais ils n'ont pas mérité d'être manipulés à des fins de propagande politique. Theodor zu Guttenberg veut réveiller les émotions en faveur d'un produit que la raison des électeurs refuse d'accepter : la guerre en Afghanistan, rejetée par la majorité de la population. Si son épouse l'accompagne, c'est bien parce qu'il a besoin d'une charmante assistante pour son spectacle télévisé de banalisation de la guerre.
Le quotidien de Francfort sur le Main revient aussi sur le limogeage surprise du ministre iranien des Affaires étrangères, alors qu'il est en visite officielle au Sénégal. Ce qui fait dire à la Süddeutsche Zeitung : on ne pouvait pas choisir désaveu plus humiliant pour Manouchehr Mottaki. Pourtant, avec la nomination à ce poste d'Ali Akbar Salehi, le chef de l'Organisation de l'énergie atomique iranienne, rien ne devrait changer dans ce dossier. Ancien ambassadeur de son pays à l'Agence internationale de l'énergie atomique, les Occidentaux ont pu apprécier sa modération. Aucune surprise n'est donc à craindre, conclut le quotidien.
Auteur : Christophe Lascombes
Edition : Sébastien Martineau