Une question de volonté
5 décembre 2008«Quand on veut on peut», titre la Frankfuter Rundschau en réaction à la décision de la BCE d'abaisser son taux directeur de 0,75 point à 2,50%. Le quotidien se réjouit du fait que la Banque centrale européenne, souvent taxée de prudence excessive, ait pris cette décision; une première alors que l'institution fête ses dix ans d'existence cette année.
C'est un signal fort de la part des gardiens suprêmes de la monnaie alors que règne une crise bancaire et financière d'une ampleur sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Le courage inédit de la BCE, poursuit le journal, est aussi un appel indirect aux gouvernements de la zone euro : agissez de manière déterminée ! Nous avons fait le premier pas mais, pour sortir de la crise, il faudra plus qu'une politique de relâchement monétaire. En clair, c'est désormais à Merkel et compagnie d'agir.
Pour die Welt aussi, la BCE a vu juste. La baisse du taux directeur est très habile : elle ne crée par la panique mais montre que la Banque centrale a plusieurs cordes à son arc au cas où la situation s'aggraverait. C'est une bonne chose que de ne pas se laisser berner par les attentes des marchés financiers. La confiance en la stabilité et en la fiabilité de la BCE est un bien précieux en temps de crise.
Die Tagezeitung s'intéresse, elle, au savant calcul de la chancelière allemande. Alors que son pays est menacé par la plus grave crise de ces dernières décennies, Angela Merkel agit de manière très intéressant: elle ne fait rien. Le plan de soutien à la conjoncture adopté en fanfare par la grande coalition est en réalité un tour de passe-passe, tout comme la prudence affectée de la chancelière. En réalité, note le quotidien, elle se concentre juste sur les élections législatives de 2009. La crise avec tout ce qu'elle implique – faillites, diminution des recettes pour l'Etat et hausse du nombre de chômeurs – arrivera au plus tard l'été prochain. Et c'est à ce moment là, qu'Angela Merkel révélera son vrai visage, conclut le journal, non pas celui qui hésite et qui tergiverse mais celui de la femme politique active. Sauf qu'il sera probablement trop tard.
La Süddeutsche Zeitung enfin se penche sur le plan de relance économique du président français Nicolas Sarkozy. La France est l'un des derniers grands pays industrialisés a puisé massivement dans les caisses de l'Etat pour relancer l'économie. Sarkozy promet que, depuis 30 ans, jamais un plan de cette ampleur n'a vu le jour. La Süddeutsche, elle, n‘y voit rien de nouveau. Le feu d'artifice de mesures annoncées ressemble fort à un pétard mouillé.