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Une loi bouleverse le secteur de la santé au Bénin

Rodrigue Guézodjè
26 septembre 2018

Désirant lutter contre le manque de médecins dans les hôpitaux publics, le gouvernement a interdit aux fonctionnaires la possibilité d’exercer dans un autre hôpital. Mais cette mesure s'est vite révélée contre-productif.

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Der Präsident von Benin Patrice Talon
Image : Getty Images/AFP/Seyllou

"L’Etat béninois a un problème à régler" (Théophile Dossou)

Le gouvernement a obligé les médecins des hôpitaux publics à choisir entre leur cabinet privé et le public qui les emploie. Mais l'effet de cette mesure s'est vite révélé contre-productif puisque les hôpitaux se vident de leurs meilleurs éléments, beaucoup de cadres médicaux n’ayant pas hésité à démissionner.

Ebola / Virologe / BSL
Image : picture-alliance/dpa

En prenant cette décision, le gouvernement dit vouloir avoir une idée claire des ressources humaines réellement disponibles dans les centres de santé publics du Bénin. L’exercice en clientèle privée donnait depuis toujours le droit aux praticiens médicaux, agents publics, fonctionnaires ou non, d’intervenir où ils le désirent.

 

Démission des médecins

Toussaint Kpadonou est le directeur des affaires médicales du Centre national hospitalier et universitaire (CNHU) Hubert Maga de Cotonou. Il estime qu’il était effectivement temps de réglementer la situation même si la mesure comporte des risques.

"Il y en a qui font bien leur travail, qui s’échinent, qui prennent tout le temps à l’hôpital. Mais il y en a qu’on ne voit ni à l’hôpital, ni à la faculté… On ne les voit pas, on les cherche et on ne sait pas là où ils sont. Et pour ceux-là, c’est normal qu’on réglemente. Mais c'’est vrai qu’on aura des problèmes s’ils sont nombreux à vouloir partir."

Au CNHU de Cotonou, à l’instar des autres hôpitaux du pays, les services se vident déjà comme le redoute le professeur Kpadonou. Une quinzaine de cadres ont déjà démissionné et parmi eux les plus expérimentés, ceux-ci estimant que les conditions de travail dans le privé sont plus favorables.

Ces départs inquiètent Théophile Dossou, responsable syndical dans le centre, lui-même infirmier d’Etat.

"Lorsqu’un spécialiste qui a déjà 20 ans d’expérience démissionne, il faudra du temps pour le faire remplacer par un jeune. La majorité de ceux qui partent sont des médecins et un médecin qui part du CNHU est un manque à gagner. Mais il faut être honnête, ce n’est pas le nombre qui est le plus grave. Un spécialiste qu’on va retrouver difficilement, quand il part c’est le malade qui souffre."

L'appel des syndicats

Et pour que les malades ne souffrent pas de cette situation, le syndicaliste interpelle les autorités.

"L’Etat béninois a un problème à régler. Du moment que le gouvernement en a fait un cas spécial et a même consacré un conseil des ministres à ça, il doit s’attendre à des réactions, à des comportements et nécessairement donc à des conséquences. Donc le gouvernement doit, d’ici un mois, régler tout ce qui pose problème et qui est lié au départ de certains médecins. Sinon ça ne serait pas responsable de sa part."

Recruter donc de nouveaux médecins qualifiés et leur offrir de meilleures conditions est l’unique alternative qui semble s’offrir au gouvernement béninois s’il veut vraiment régler le problème et compenser les départs.