Un trafic qui fait du bruit
6 juillet 2011Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'exportation de chars Leopard vers l'Arabie Saoudite fait partie de ces sujets de politique étrangère à cheval entre valeurs et intérêts contradictoires. Le régime de Riyad est tout sauf exemplaire ou plutôt : il s'agit d'une dictature répressive. Par ailleurs, les Saoudiens ont montré qu'ils voulaient empêcher par tous les moyens que la rébellion arabe ne se répande dans le Golfe. Le journal rappelle que, lorsque la majorité chiite a commencé à se révolter contre les dirigeants sunnites au Bahreïn, ce sont des unités spéciales saoudiennes qui constituaient le fer de lance d'une force d'intervention envoyée par la communauté des Etats du Golfe. Force qui a réprimé brutalement le soulèvement. Tout cela va strictement à l'encontre de la politique suivie par le gouvernement allemand vis-à-vis des mouvements de libération du monde arabe.
Certes, l'Arabie Saoudite a endossé ces dix dernières années le rôle de forteresse contre l'Iran, écrit de son côté la Süddeutsche Zeitung. Certes, elle doit actuellement veiller à ce que l'anarchie qui règne au Yémen ne se propage pas chez elle. Certes, il y a un intérêt à promouvoir la stabilité du pays, premier exportateur mondial de pétrole. Pour toutes ces raisons, l'Arabie Saoudite mérite qu'on l'aide.
Mais, poursuit le journal, la situation dans la région s'est modifiée en profondeur ces derniers mois et lorsque l'on commence à vendre des chars à Riyad, on tombe rapidement sur un terrain miné du point de vue moral. Ainsi, le gouvernement saoudien pourrait très bien utilisé les Léopards allemands contre sa population si celle-ci venait à se rebeller. Après le refus de Berlin de participer à l'intervention militaire en Libye, cette livraison d'armes donne de plus en plus l'impression que la République fédérale lit la dynamique du printemps arabe de travers.
Le Danemark renforce ses frontières
Depuis hier et malgré les protestations européennes, les Danois ont renforcé les contrôles à leurs frontières pour lutter contre l'immigration illégale et la criminalité internationale. A l'origine de cette décision : des tractations de politique intérieure qui se sont entre temps transformées en question de politique européenne, qui dépasse le Danemark, estime die Tageszeitung. L'Union européenne ne peut pas laisser Copenhague interpréter de manière aussi étroite le règlement qui régit l'espace Schengen, car si elle ferme les yeux, d'autres pays suivront et on pourra bientôt dire adieu à la liberté européenne de circulation.
Auteur : Konstanze von Kotze
Edition : Sébastien Martineau