Un salaire minimum à l'allemande
31 octobre 2011Traditionnellement l'Allemagne n'aime pas que l'état se mêle de la vie économique. Celle-ci est réglée par des accords de branche entre les entreprises et les syndicats. Le dirigisme étatique à la française par exemple est honni. Ce modèle a bien fonctionné pendant des années, grâce notamment au fort taux de syndicalisation allemand. Mais avec la libéralisation de l'économie, de nouveaux secteurs sont apparus comme les services, la distribution, les micro-entreprises. Et dans ces domaines justement, la concurrence est féroce, la représentation syndicale inexistante. La réussite incontestée de l'Allemagne a donc un revers : des salaires horaires extrêmement bas.d'après l'Institut allemand de la recherche économique (DIW), quatre pour cent des salariés touchaient moins de 5 euros de l'heure Une tendance qui s'accentue, comme le confirme les chiffres de l'Office fédéral de l'Emploi : en 1995 15 % des salariés touchaient des bas revenus.Ils étaient 23 %, soit près de 5 millions de personnes en 2010.
Revirement politique
Cela fait des années que les partis d'opposition - la gauche sociale démocrate, les Verts, et le parti die Linke - réclament un salaire minimum. Pour la coalition au pouvoir, la situation devenait de plus en plus difficile à tenir : certes avec moins de 6 % de sans emplois, le taux de chômage allemand est un des plus bas d'Europe. Mais justement, il devenait inacceptable de reléguer une partie de la population dans la misère. Du coup, l'aile sociale de l'Union chrétienne d'Angela Merkel a préparé le revirement. Son projet prévoit que dans les secteurs sans accord tarifaire, une commmission propose un salaire minimum. De combien ? La question n'est pas encore tranchée. Les syndicats réclament 8,50 euros de l'heure. Le congrès de la CDU qui se réunit en novembre tranchera. La chancelière aura en tous cas un souci de moins pour sa campagne électorale de 2013.
Auteur: Elisabeth Cadot
Edition: Christophe Lascombes