Un procès très attendu
6 mai 2013Die tageszeitung publie en première page la liste des victimes du groupe néo-nazi : huit personnes d'origine turque, une d'origine grecque et une policière allemande. Un an et demi après la découverte de la cellule NSU, écrit le journal, on ne comprend toujours pas comment, dans le pays qui a déjà connu par le passé l'horreur des crimes nazis, un groupe terroriste néonazi a pu voler, poser des bombes et tuer pendant plus de 10 ans sans être inquiété. Pourquoi l'Etat, la société et les médias ont-ils été aussi aveugles ? Le procès ne pourra pas apporter de réponse complète à cette question. Le rôle du tribunal est avant tout de déterminer s'il y a assez de preuves pour que la seule terroriste présumée encore en vie de la NSU soit condamnée.
L'une des questions principales de ce procès, estime la Frankfurter Allegemeine Zeitung, est de savoir si Beate Zschäpe, qui n'a pas tué de ses propres mains, peut-être considérée comme complice. A-t-elle apporté son aide aux meurtriers ? Ses actions individuelles ont peut-être l'air banales, mais la vue d'ensemble donne à l'accusation l'image d'un trio qui travaillait étroitement ensemble : les deux hommes tuaient les victimes, leur compagne gérait non seulement l'argent, mais aurait aussi été chargée de la façade du groupe pour lui donner un air de normalité.
Pour die Welt, le rôle d'un tribunal est d'enquêter sur la faute individuelle de certaines personnes et de condamner les coupables, pas de rendre un jugement sur une époque, une idéologie et son enracinement dans la société. Cela peut en décevoir beaucoup, mais malgré l'importance de ce genre de procès, ils ne peuvent apporter que des réponses juridiques.
Le Mannheimer Morgen rappelle lui aussi qu'il ne faut pas confondre ce procès avec une commission d'enquête parlementaire. Ce n'est pas aux juges de dire si la politique et la société ont commis des erreurs dans leur manière de traiter les néonazis ou qui est responsable des pannes dans la police. Mais ce que le tribunal peut faire, en faisant preuve de doigté, c'est de contribuer à ce que la société dans son ensemble et les proches des victimes en particulier aient à nouveau confiance en la communauté.