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Un Malien lynché pour s’être opposé à son statut d’esclave

Mahamadou Kane
16 mai 2024

Oumar Konaté, membre d’une association anti-esclavage, a été tué par les habitants de son village dans l'ouest du Mali.

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Mali Protest gegen Sklaverei in bamaku
L'esclavage par ascendance est une pratique courante au Mali malgré son abolition par l'administration coloniale en 1905Image : Nicolas Remene/Le Pictorium/IMAGO

Au Mali, un nouveau drame en lien avec l’esclavage par ascendance s’est produit dans la région de Kayes.  

Oumar Konaté, un ressortissant de Nioro du Sahel, a succombé à ses blessures après avoir été lynché au début du mois. 

Après avoir refusé d’admettre son statut d’esclave, il a été battu à mort par les jeunes de son village.  

Sa mort a choqué les associations qui luttent contre l’esclavage.  

D’après les informations de la DW, les ennuis d’Oumar Konaté avec les jeunes de Nematoulaye, dans l’ouest du pays, auraient débuté en décembre 2023. 

C’est à cette date qu’il aurait rejoint l’association Gambana, dont la mission est de lutter contre la pratique de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes.

Ecoutez le reportage au Mali...

Différent avec le chef de village 

Après une première dispute avec une partie du village autour d’un mariage qu’il aurait voulu contracter, il se serait lancé dans un projet de construction d’une bergerie, contesté par le chef de village en personne, estimant que son statut d’esclave ne lui donnait pas ce droit.  

Lassana Diaguely Konaté de l’association Gambana, explique que "malgré cette opposition du chef de village, il a quand même construit sa bergerie pour moutons et bœufs. Et le lundi 6 mai dernier, un groupe de jeunes est parti durant la nuit détruire la maisonnette. Malheureusement, Oumar s’y trouvait. Une bagarre a ensuite éclaté, jusqu’à ce qu’Oumar soit grièvement blessé".

Oumar sera par la suite transporté d’urgence à Bamako, à l’hôpital Gabriel Touré. Il a succombé à ses blessures le 10 mai dernier. 

Une femme, ancienne domestique au Liban, sur un balcon
Les estimations mondiales portaient à 50 millions le nombre de personnes victimes d'une forme d'esclavage moderne en 2021Image : Aline Deschamps/Middle East Images/AFP via Getty Images

Légiférer d’urgence 

Selon Soumaguel Oyahit, secrétaire de l’association Temedt qui milite pour l’abandon des pratiques esclavagistes au Mali, ce drame n’aurait jamais dû se produire : 

Pour lui, "c’est un mort de plus et un mort de trop. Nous lançons un appel solennel à l’Etat du Mali, aux légitimités traditionnelles de la région de Kayes, à tous ceux qui peuvent quelque chose, de fournir beaucoup d’efforts pour lutter contre l’esclavage. Le seul moyen pour mettre fin à cette pratique, c’est d’adopter l’avant-projet de loi de lutte contre l’esclavage". 

En attendant l’adoption de cet avant-projet de loi, l’association Temedt mène des actions de plaidoyer et de sensibilisation dans 15 communes des régions de Kayes et de Nioro du Sahel pour informer les populations sur les questions liées aux droits et à la transformation sociale.