Toujours de l'eau dans le gaz entre Bruxelles et Moscou
22 mai 2009En invitant ses partenaires européens à Khabarovsk, le président russe Dmitri Medvedev ne voulait pas seulement leur montrer la beauté du lieu bordé par le fleuve Amour. Située près de la frontière chinoise, à neuf fuseaux horaires de Bruxelles, la ville de l'Extrême-Orient russe illustre aussi parfaitement l'immensité de la Russie et le long chemin parcouru par les hydrocarbures. Le cadre étant planté, les partenaires ont tout d'abord salué leur amitié retrouvée. Vaclav Klaus, le président tchèque qui représentait les 27 aux côtés de José Manuel Barroso et Javier Solana, a ainsi estimé que cette rencontre avait "renforcé la confiance mutuelle". Dmitri Medvedev a de son côté souligné "le caractère stratégique des relations" entre son pays et l'Union européenne.
Mais l'harmonie s'est arrêtée là. Le sommet de Khabarovsk n'a pas balayé les divergences, notamment dans le domaine de l'énergie. Un point pourtant central dans les relations russo-européennes, puisqu'un quart du gaz consommé en Union européenne vient de Russie. Depuis les problèmes d'approvisionnement provoqués par les différentes crises gazières entre la Russie et l'Ukraine, Moscou a perdu de sa crédibilité auprès de l'Union en temps que fournisseur fiable. Les Européens souhaitent donc conclure un nouveau partenariat sur la base de la Charte de l'Energie, un accord international qui date de 1991 mais que la Russie refuse toujours de ratifier. Pas étonnant donc, que le bilan de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, soit assez sobre :
"Il y avait, comme vous le savez, plusieurs problèmes de notoriété publique comme celui de l'énergie, mais nous croyons que chaque partie doit tenter tout ce qu'elle peut pour obtenir un accord gagnant-gagnant. L'énergie est une chose qui peut nous lier, nous rapprocher. Evidemment, l'Union européenne a besoin de l'énergie russe. Mais je pense que la Russie a tout autant besoin de bons clients, ce que nous sommes, donc essayons d'en faire quelque chose de positif... une interdépendance positive entre la Russie et l'UE. C'est exactement dans cet esprit que nous sommes en train d'étudier les propositions du président Medvedev."
Les propositions en question concernent un crédit que la Russie souhaite voir accordé à l'Ukraine par les 27 pour éviter un nouveau conflit gazier. Parmi les autres questions restées en suspens : la candidature de Moscou à l'Organisation mondiale du Commerce, l'inquiétude russe par rapport au partenariat oriental de l'Union avec des anciennes républiques soviétiques, et la présence de militaires russes dans les provinces séparatistes géorgiennes. Finalement, Russes et Européens se seront quittés encore plus divisés qu'à leur arrivée.