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Lomé : redonner de l’espoir à une enfance perdue

Élodie Amen
14 juillet 2021

Des enfants en rupture avec leur milieu familial qui ne veulent ou ne peuvent rentrer chez eux. Redonner de l’espoir à cette enfance fragilisée, c’est l’ambition que porte l’artiste plasticienne Ayawa Adjoyi.

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Les enfants apprennent à déssiner avec l’artiste plasticienne Ayawa Adjoyi à Lomé
Les enfants apprennent à déssiner avec l’artiste plasticienne Ayawa Adjoyi à Lomé Image : Elodie Amen/DW

La rue est leur refuge, mais connecté à l’art, ils y découvrent un autre univers où ils sont écoutés, aimés et compris.

L’art avec les enfants est un projet artistique initié par l’artiste plasticienne Ayawa Adjoyi. Une manière pour elle de montrer aux enfants qu’au-delà de la rue et de leurs conditions de vie précaires, il y a d’autres possibilités, d’autres opportunités à saisir.

"C’est une manière de leur dire qu’on est là avec eux, qu’ils ont des compétences et des capacités à développer. L’art avec les enfants, c’est la meilleure des choses, c’est une thérapie ! cela leur permet de s’exprimer, de se retrouver, de se donner de l’espoir, de savoir qu’ils peuvent aussi faire quelque chose. C’est la raison pour laquelle je suis toujours avec eux", nous raconte Ayawa Adjoyi.

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Marginalisés et livrés à eux-mêmes

Très peu d’enfants ont accès à l’éducation, à une alimentation saine et un logement décent. Ils vivent dans la précarité et n’ont d’autres choix que de prendre leur destin en main.

DW Sendung The 77 Percent | Straßenkinder und Kunst in Lomé Togo
Image : Elodie Amen/DW

Les raisons qui poussent ces enfants à préférer la rue à leur famille sont multiples : problèmes familiaux, pauvreté et maltraitance sont entre autres les premières causes mais chaque enfant entretient une histoire personnelle avec la rue, explique le jeune Daniel qui a fui la maison familiale pour échapper à la maltraitance qu'on lui infligeait après le divorce de ses parents.

"Ma mère nous a abandonné moi et mes frères très tôt. C’est notre père qui s’est occupé de nous pendant un moment. Après il nous a placé chez une dame. Nous vendons du soja pour la dame. Elle me donnait chaque matin 5O francs pour toute la journée. Un jour j’avais tellement faim, malgré mes 50 francs, j’ai dû prendre 100 F dans l’argent du soja, pour m’acheter de quoi manger. Quand je suis rentré je lui ai expliqué ce que j’ai fait. Elle m’a battu, voilà les traces de mes blessures. C’est là que j’ai décidé d’aller vivre dans la rue."

Emmanuel a lui  préféré la rue à son père, qui n’arrivait plus à s’occuper de lui. 

"Je n’ai pas connu ma mère, je vivais avec mon père au village. Mais j’ai des relations conflictuelles avec lui parce qu’il me battait régulièrement. Il avait une boutique et chaque fois je devais rester dans la boutique au lieu d’aller à l’école. J’avais quelques amis dans la rue qui faisaient de petits boulots et gagnaient de l’argent. J’ai voulu faire comme eux et c’est comme ça que je les ai rejoints. On voulait gagner plus d’argent alors nous avons décidé de venir à Lomé. Nous avons rallié Lomé à pied. Une fois arrivé je me suis retrouvé dans la rue à Agoè zongo."

Emanuel et Daniel sont tous deux aujourd’hui pris en charge par un centre d’accueil grâce à l’association ‘’Enfants de Rue’’.

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Ils sont logés, nourris et scolarisés. Une prise en charge totale, selon le responsable du centre Kpantcharé Alfred. Celle-ci vise à assurer un accompagnement complet à l’enfant jusqu’à son insertion professionnelle.  "Si l’on se rend à la plage, on verra que sur 5 enfants de rue, 4 sont déjà passé par un centre d’accueil. Pourquoi accompagner l’enfant sur deux trois ans, et le réinsérer dans une famille d’accueil tout en sachant qu’il va retourner dans la rue ? c’est une perte d’énergie et d’argent. Nous avons pensé qu’il fallait revoir la stratégie. Donc ici nous avons 8 enfants que nous prenons en charge complètement jusqu’à ce qu’ils aient un métier et arrivent eux même à se prendre en charge."

La dernière étude réalisée en octobre 2015 au Togo fait état de 6 000 enfants vivant dans la rue dont près de la moitié dans la capitale.  

Cliquez pour écouter le reportage d'Èlodie Amen

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