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Tchad : une amnistie sélective...

Blaise Dariustone
6 novembre 2018

Au Tchad, des voix s’élèvent pour dénoncer l’application sélective de l’amnistie générale accordée aux opposants politiques alors que plusieurs autres détenus politiques croupissent toujours dans les prisons du pays.

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Tschad bei Djamena Fußgänger Bevölkerung
Image : Getty Images/AFP/P. Desmazes

Si certains opposants  au régime ont bénéficié de l'amnistie présidentielle cette année, plusieurs autres prisonniers politiques moisissent encore dans les prisons du Tchad. Pour certains observateurs, cette amnistie n’est accordée qu’à des opposants devenus inoffensifs face au régime du président Deby.

Le caractère inoffensif comme critère?

"L’amnistie est un pardon légal qu’on accorde suivant un certain nombre de critères qui pourraient êtres définis. Pourquoi on accorde l’amnistie à certains et pourquoi on la refuse à d’autres ? Je pense à Acheikh Ibn Oumar qui est rentré  et je pense aussi à Baba Laddé qui est en prison. Tous les deux, théoriquement, devraient bénéficier de cette amnistie mais ce qu’il faut retenir en tant que défenseur des droits de l’Homme, au Tchad la loi n’est pas valable pour tout le monde.

Les Tchadiens ne sont pas égaux devant la loi. Donc moi je ne suis pas étonné que Monsieur Acheikh puisse bénéficier de l’amnistie accordée à tous les opposants politiques et que d’autres qui ne sont pas de la bonne conviction politique ou mieux encore, qui sont jugés offensifs puissent ne pas bénéficier de cette amnistie", explique Maitre Midaye Guerimbaye, président de la LTDH, la Ligue tchadienne des droits de l’homme. 

"Le droit, c'est la parole de Deby"

Une position que partage aussi, le chef de file de l’opposition politique tchadienne, Saleh Kebzabo. Pour lui, le Tchad est tout sauf un pays de droit. "Lorsque cette loi a été promulguée, le ministre de la justice a dit que c’est une loi qui efface toutes les infractions qui ont été commises et de façon rétroactive. Même ceux qui ont détourné de l’argent, ceux qui ont tué. Donc, le ministre de la justice a fait même une lecture extensive de cette loi.

Le Tchad n’est pas un pays de droit   a proprement parlé. Ici, le droit c’est la parole de Deby. S’il dit de faire quelque chose contre la loi on   le fait, s’il n’a ordonné la libération de tous ces gens là on ne va pas les libérer, même si sa propre loi qu’il a signée les étend. L’être humain n’a aucune importance dans notre pays. Qu’on meurt en prison, c’est pas le souci du pouvoir", s'insurge M. Kebzabo.

Une liste d'opposants à libérer

Soucieux du sort de nombreux detenus politiques qui croupissent encore dans les prisons du Tchad, un groupe de militants  de la société civile a mis sur pied une collectif dénommé : Action pour l’Application Intégrale de l’Amnistie au Tchad.

Une liste provisoire de 72  opposants, détenus pour infractions d’atteinte à l’intégrité de l’État, éligible à cette amnistie à été publiée a cet effet par ce collectif. 
Nos tentatives pour avoir, l’avis des autorités tchadiennes ont été vaines. 
 

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