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Au Tchad, la difficile opposition depuis le 20 octobre

14 novembre 2022

Le 11 novembre, la justice tchadienne a annoncé que plus de 600 personnes avaient été arrêtées lors des manifestations du 20 octobre. N'Djamena accuse les manifestants d'avoir attaqué les institutions.

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Protestations du 20 octobre à N'Djamena, au Tchad (photo d'illustration)
L'opposition et la société civile tchadienne ne faiblissent pas depuis les manifestations du 20 octobre 2022. (Photo d'illustration)Image : Le Visionnaire/REUTERS

Colère, tristesse et rage sont les qualificatifs qui caractérisent les sentiments de certains membres de la société civile au Tchad.  

La répression des manifestations du jeudi 20 octobre dernier a coûté la vie à une cinquantaine de personnes selon Human Rights Watch, qui demandait au lendemain des événements qu’une enquête impartiale soit ouverte sans tarder sur le comportement des forces de sécurité.

La menace est toujours là

Depuis les massacres du mois dernier, tout le monde est concentré sur les disparus, les morts et ceux qui sont emprisonnés. Et les responsables d’associations et des partis politiques craignent pour leur vie, nous confie Michel Barka, le président de l’Union des syndicats du Tchad. 

"Pour le moment, je ne pense pas qu’une association quelconque ou qu’un parti politique soit en train de préparer des manifestations, déclare-t-il au  micro de la DW Nous vivons une situation qui est telle que les menaces ne sont pas terminées, il y a des arrestations et des disparitions qui continuent. Les manifestations sont l’expression de la démocratie mais dans la situation où nous nous trouvons actuellement, nous n’avons aucune liberté de penser ou de réfléchir autrement."

Mahamat Idriss Deby Itno, dirigeant du Tchad depuis 2021, sur un siège à dorures, devant le drapeau tchadien
Les défenseurs des droits humains et les opposants dénoncent la violence des autorités dirigées par Mahamat Idriss Deby ItnoImage : Denis Sassou Gueipeur/AFP

La lutte continue de l’extérieur

"Nous avons perdu des hommes, nous avons perdu des camaradesmais nous restons focalisés sur notre lutte", explique de son côté Serge Ngardji, responsable chargé de l'impact social du parti Les Transformateurs.

" Il y a des arrestations et des disparitions qui continuent" (Michel Barka)

Bien que, comme plusieurs membres du parti, il vive aujourd’hui en exil, il affirme que la lutte continue de s’organiser. "La lutte ne concerne pas un individu ! Celui qui est concerné par la justice, celui qui est concerné par la dignité humaine c’est un leader et là où il se trouve, il doit se battre pour la liberté, affirme Serge Ngardji. Sur place, nous avons des militants, le combat n’est pas seulement physique, le combat est stratégique. J’espère que nous allons gagner cette lutte parce que ce n’est pas une lutte pour un être humain ni celle d’un individu. Ce que nous faisons est plus grand que l’homme, c’est pour la dignité et la justice. "

Arrestations, disparitions et exécutions extrajudiciaires

Un sentiment que partage également Eric Hervé Pando, il est le président de l’Association des jeunes pour la défense des droits humains

"L’opposition a pu faire l’essentiel malgré qu’elle soit combattue par les autorités de transition avec tous les moyens de l'Etat, l’argent pour dissuader et corrompre certains de ses membres. Mais l’opposition reste ferme sur sa décision, assure Eric Hervé Pando. On utilise les uns et les autres, on utilise les pouvoirs de l'Etat, on nous intimide mais les gens sont déterminés à faire régner la justice dans notre pays. "

L'Organisation mondiale contre la torture évoquait déjà fin octobre plus de 2.000 arrestations pendant et après les manifestations réprimées. Les Nations Unies s'inquiètent aussi de la situation.

L'opposition et des ONG locales assurent que lesarrestations se poursuivent et parlent également de disparitions, d’exécutions extrajudiciaires et de tortures.